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Devoirs de vacances (urgent)
Les programmes de 2015 ont été rédigés par cycles, latitude étant donnée aux équipes pour en répartir les acquis sur les trois ans concernés. C’est du moins l’esprit. Utopique, peut-être... Sans les réécrire, le ministère vient de rédiger, pour certaines disciplines, des « repères annuels » — ce qui permet en même temps de modifier ou infléchir plus ou moins discrètement certains contenus... Ils entreront en vigueur à la rentrée 2019 et sont pour le moment soumis à la consultation des enseignants. Attention,cette consultation est de courte durée : du 18 octobre au 4 novembre 2018. Le temps des vacances, en somme. Du coup, difficile, voire impossible, d’organiser des réunions en établissement pour prendre le temps de partager cette lecture et faire remonter, plutôt que des échos individuels, des avis et suggestions d’équipes. Ce qui serait pourtant une vraie démarche professionnelle ; la susciter et en donner le temps aurait été une marque de cette confiance affichée du ministère envers les enseignants.
Sur le Café Pédagogique, à propos de ces repères annuels, Sylvie Plane s’insurge contre « une course à la précocité » qui fixe « comme point de référence pour chaque niveau de classe des performances que très peu d’élèves de l’âge considéré sont capables de réaliser » et s’indigne : « Il est possible actuellement de produire en 38 jours des poulets adultes et consommables. Pourra-t-on hâter également le développement des jeunes enfants pour répondre à des objectifs politiques et idéologiques ? ».
La tyrannie de l’instant
Les « répliques » de la secousse du pistolet factice et du #PasdeVagues se font encore sentir. Mais prenons le temps de l’analyse avec Eirick Prairat. Dans une tribune au « Monde », ce spécialiste des questions d’autorité en éducation analyse les facteurs qui ont contribué à l’ « érosion » de cette autorité. Un terme qu’il choisit car il « rend compte de l’évolution et de la transformation des rapports d’autorité dans le champ de l’éducation ».Et il propose trois lectures pour ce processus qui, dit-il, est au travail depuis plusieurs décennies déjà dans nos sociétés : « une lecture sociologique, dans laquelle ce processus tire son origine d’une méfiance à l’égard de l’institution scolaire, une lecture philosophique, qui met l’accent sur la difficulté à enseigner à l’heure où triomphe l’idée d’égalité, et une lecture que l’on peut qualifier d’anthropologique, qui souligne la tyrannie de l’instant et de l’immédiat dans nos sociétés. »
Facteur aggravant ?
Paul Devin, inspecteur de l’éducation nationale, secrétaire général du SNPI-FSU, déplore le recours « de plus en massif » à des contractuels qui n’ont pas les qualifications requises. » « Bien sûr, il y a toujours des contre-exemples, il y a fort heureusement des contractuels qui ont un sens inné de l’enseignement et qui parviennent à se mettre seuls au niveau, en travaillant avec acharnement. Mais ce n’est pas la majorité des situations. » Précisons que la plupart des académies mettent en place un plan de formations des personnels contractuels, un public très demandeur avec lequel les stages sont de passionnants moments de réflexion.
Infaillibilité professorale
En réponse aux enseignants qui se plaignent de n’être pas écoutés, le ministre annonce que c’est la parole de l’adulte qui prévaudra désormais. « A partir du moment où un adulte a vécu un problème, s’il dit qu’il a été insulté, c’est qu’il a été insulté, il n’a pas de raison de dire autre chose que la réalité ». Désavouerait-il ainsi tout le patient travail de désamorçage des conflits mené dans les établissements, en particulier par les conseillers d’éducation (CPE) qui donnent à tous les protagonistes d’une situation – élèves, enseignants et autres adultes —le droit de dire leur version des faits, et partent de là pour gérer au mieux les situations ? Les acteurs de terrain auront sans doute la sagesse de considérer le postulat du ministre avec ... discernement.
Formés à la médiation ?
Toujours au chapitre des violences, JM Blanquer, interrogé par Le Figaro (ou plutôt par Madame) manifeste sa volonté de lutter contre les violences sexistes qui toucheraient un élève sur 10 (et même sur 5, dit un sondage de Madame), et demande aux enseignants de ne laisser passer aucune manifestation de ce genre, dès la maternelle. « Il n’y a pas de « petit » harcèlement. Même en maternelle, on doit repérer le fait infime qui peut dégénérer. Même une petite moquerie au fond de la classe ! Si un professeur, un personnel de cantine ou un surveillant assiste à un comportement déplacé envers un enfant, il doit intervenir ». Intervenir grâce, ajoute-t-il , à des techniques de médiation auxquelles les professionnels de l’éducation sont formés. Ce qui est rassurant, surtout s’agissant de maternelles.
Pas d’(effet d’) annonces
On a vu ces derniers jours leurs trois visages assemblés : Christophe Castaner, Nicole Belloubet et Jean-Michel Blanquer sont intervenus chacun dans la presse avec des propos parfois différents sur un « plan
contre les violences à l’école » qui serait proposé par leur « comité stratégique ». Finalement le conseil des ministres n’a pas fait d’annonces mardi 30 octobre, les discussions n’étant pas suffisamment abouties apparemment entre les trois ministres. Le plan serait présenté d’ici à deux semaines.
Recrutement et formation
De formation, justement, il est question dans les projets du ministère. Jean-Michel Blanquer souhaite unprérecrutement dès la Licence 2 et la mise en place d’une formation continue. On suivra avec intérêt ces projets. Le recrutement des enseignants, et en particulier la place du concours, fait l’objet de nombreux débats bien difficiles à trancher. Ce qui est certain, en tout cas, c’est la nécessité d’une formation continuée bien au-delà de l’année du concours.
Schopenhauer à la rescousse
Le J.O. du 30 octobre nous apprend que Vincent Stanek, agrégé de philosophie et docteur ès-lettres, nommé IGEN en août dernier, accède au poste de « conseiller affaires pédagogiques » au cabinet du ministre de l’éducation nationale. C’est un spécialiste de Schopenhauer dont il a traduit l’ouvrage en deux tomes , « Le monde comme volonté et représentation ». De là à s’y connaître en pédagogie ...
Revue de presse de Florence Castincaud