Coup de coeur... Victor Hugo...
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’engelures ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelotait toujours, elle avait pris l’habitude de serrer ses deux genoux l’un contre l’autre.
Tout son vêtement n’était qu’un haillon qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer.
Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte. La crainte était répandue sur elle ; elle en était pour ainsi dire couverte ; la crainte ramenait ses coudes contre ses hanches, retirait ses talons sous ses jupes, lui faisait tenir le moins de place possible, ne lui laissait de souffle que le nécessaire, et était devenue ce qu’on pourrait appeler son habitude de corps, sans variation possible que d’augmenter. Il y avait au fond de sa prunelle un coin étonné où était la terreur.
Victor Hugo - Les Misérables
« Les mots qui blessent n’aident jamais un enfant à grandir »...
EXTRAIT
Gilles Lazimi, médecin généraliste, revient sur la première campagne vidéo sur les violences verbales faites aux enfants, qu’il a coordonnée.
Vous avez déjà mené plusieurs campagnes de sensibilisation contre les violences physiques faites aux enfants. Pourquoi lancer maintenant une campagne sur les violences verbales ?
Gilles Lazimi : On n’avait jamais parlé de ça, mais crier, hurler, se moquer d’un enfant, peut avoir des conséquences sur son développement. Nous voulions sensibiliser les parents sur les mots qu’ils disent. Les faire réfléchir et qu’ils se rappellent des phrases qui ont pu les toucher, quand eux étaient enfants.
L’idée n’est pas de culpabiliser. Aujourd’hui, 90 % des parents sont bienveillants, et pourtant la plupart utilisent encore des méthodes dépassées. Les mots qui blessent n’aident jamais à grandir.
Par ces témoignages d’adultes, on s’adresse d’abord aux parents. On a tendance à reproduire, consciemment ou non, ce que l’on a vécu enfant. On est parent avec l’enfant qu’on a été.
Quel est l’effet de ces mots blessants que les parents disent à leurs enfants ?
Pour grandir, un enfant a besoin d’accompagnement, d’amour, d’un regard bienveillant sur lui de la part des êtres qui lui sont le plus chers. Quand on dit des mots blessants, cela a des conséquences psychiques, de stress, de peur. Une phrase, surtout si elle est souvent répétée, génère de l’angoisse et peu à peu l’enfant va intégrer les « tu es nul », comme une vérité. Cela va blesser son estime de soi.
Dire des choses humiliantes à un enfant amène aussi des relations plus conflictuelles avec les parents. En blessant l’enfant, on engendre d’autres violences.
Je suis médecin généraliste et vois beaucoup d’adultes qui souffrent d’anxiété, de mal-être. Quand je les interroge, ce sont souvent des choses de l’enfance qui remontent, des phrases.
On voit dans la vidéo cinq adultes encore hantés par des phrases entendues enfants. Comment avez-vous réalisé cette vidéo ?
Nous avons choisi cinq phrases parmi 800 témoignages recueillis auprès de parents. Tout le monde s’est souvenu des rengaines entendues petit : « Tu vas travailler à l’usine », « Tu vas balayer les trottoirs »… La phrase « Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un enfant pareil ? » revenait aussi très souvent.
Dans la vidéo, la première sur les « gros bras » peut sembler anodine, mais les remarques sur le physique peuvent marquer. Comme les blagues qui ne font rire que les parents.
(...)
Par
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" Les mots qui blessent n'aident jamais un enfant à grandir "
" T'es une moins que rien ", " Tu as toujours été plus lent que ton frère ", " Heureusement que tu es jolie ma chérie, ça t'aidera peut-être "... Cinq adultes apparaissent dans un clip vidéo...
Coup de coeur... Maurice Blanchot...
« Qui peut dire : ceci est arrivé, parce que les événements l’ont permis ? Ceci s’est passé, parce que, à un certain moment, les faits sont devenus trompeurs et, par leur agencement étrange, ont autorisé la vérité à s’emparer d’eux ?
Moi-même, je n’ai pas été le messager malheureux d’une pensée plus forte que moi, ni son jouet, ni sa victime, car cette pensée, si elle m’a vaincu, n’a vaincu que par moi, et finalement elle a toujours été à ma mesure, je l’ai aimée et je n’ai aimé qu’elle, et tout ce qui est arrivé, je l’ai voulu, et n’ayant eu de regard que pour elle, où qu’elle ait été et où que j’aie pu être, dans l’absence, dans le malheur, dans la fatalité des choses mortes, dans la nécessité des choses vivantes, dans la fatigue du travail, dans ces visages nés de sa curiosité, dans mes paroles fausses, dans mes serments menteurs, dans le silence et dans la nuit, je lui ai donné toute ma force et elle m’a donné toute la sienne, de sorte que cette force trop grande, incapable d’être ruinée par rien, nous voue peut-être à un malheur sans mesure, mais, si cela est, ce malheur je le prends sur moi et je m’en réjouis sans mesure et, à elle, je dis éternellement : “ Viens ”, et éternellement elle est là. »
Maurice Blanchot - L'arrêt de mort
Mai 68 - Documents Fondation Jean Jaurès...
• Pierre Mendès France, Mai 1968 et après, Alain Chatriot, Anne-Laure Ollivier, Gilles Richard, Emmanuel Laurentin, Robert Chapuis, Vincent Duclert, François Stasse (vidéo, 28 mai)
• Mai 68, et après ?, Benjamin Stora, Alexis Lacroix (vidéo, 16 mars)
• Une jeunesse rebelle, Henri Weber, Gilles Finchelstein (vidéo, 16 mai)
• 18 thèses sur mai 68, Henri Weber (note, 29 mai)
• Mai 68 en images, Xavier Vigna (note, 15 mai)
• La manifestation du 8 mai 1968 à Quimper, Christian Bougeard (note, 7 mai)
Parcoursup?... Pire qu'APB...
Parcoursup synonyme de stress pour 102 000 bacheliers
Parcoursup, la plateforme d'orientation vers les études supérieures, met les nerfs à vif des bacheliers. Un inscrit sur huit attend encore une proposition pour la rentrée.
Pour des milliers de bacheliers, les vacances pourraient être beaucoup plus sereines. À ce jour, 102 606 lycéens et étudiants inscrits sur la plateforme Parcoursup sont toujours sans proposition de formations. Ils étaient 87 000 à la mi-juillet 2017. Le fonctionnement du système paraît donc pire. Selon le député Nouvelle Gauche Régis Juanico, Parcoursup est une "usine à gaz anxiogène".
Recours aux facultés payantes
Parcoursup, c'est 812 000 candidats inscrits, dont une très large majorité qui a reçu une ou plusieurs propositions, et seulement la moitié qui s'est prononcée définitivement. Il faut attendre fin août pour finaliser les inscriptions. Dans ces conditions, il apparaît difficile d'anticiper la rentrée scolaire. Certains préfèrent donc se tourner vers des universités payantes qui recrutent hors de la plateforme Parcoursup.
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