Coup de coeur... Arno Bertina...
On serait coupables de ne pas sortir de la culpabilité - à nos yeux déjà, à ceux des autres travailleurs et aux yeux de nos enfants. Tant qu'on s'insurge pas, on valide que c'est nous qui coûtons cher, que c'est nous qu'on travaille mal ou pas assez, que c'est nous la "masse salariale", les charges, et pas le "capital" ou l'essentiel, la richesse. Si on ne fait pas un coup d'éclat, le système continue de nous dévorer, alors que c'est tout ça qu'il faut renverser, revenir dans l'innocence. Je vais faire un truc fou par colère mais je vais le faire pour redevenir innocent, pour nous ramener tous dans l'innocence.
Arno Bertina - Des châteaux qui brûlent
A Voir... "Reprise"... Recherche éperdue de la gréviste rebelle...
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"Reprise", recherche éperdue de la gréviste rebelle
C'est l'histoire d'un homme tombé amoureux d'une image. L'image d'une inconnue. Au début des années 80, reclus dans un studio de la rue Saint-André-des-Arts (Paris VI e), Hervé Le Roux occupe ...
http://next.liberation.fr/cinema/2018/05/29/reprise-recherche-eperdue-de-la-greviste-rebelle_1655103
Va-t-on bientôt payer ses études en licence?...
La multiplication de cursus universitaires payants risque de renforcer la concurrence entre les écoles et les facs. Et annonce la généralisation des frais d’inscription.
L’Ecole polytechnique a ouvert en septembre 2017 un cursus payant de «Bachelor» (nom donné à la licence dans les pays anglo-saxons) avec l’assentiment de ses ministères de tutelle. Or, ce cursus pourrait être autorisé à délivrer le grade de licence (bac + 3). Jusque-là pourtant,celui-ci était réservé aux universités. Mais les temps changent, et les logiques de mise en marché de l’enseignement supérieur se développent à grande vitesse.
Si le niveau de ce diplôme n’est pas en cause, lui octroyer le grade de licence ouvrira la voie à des demandes similaires de toutes les écoles. Elles pourront alors concurrencer les diplômes de l’université avec des moyens souvent bien supérieurs, et d’autant plus importants que les études en question s’annoncent payantes et fort chères ! A l’Ecole polytechnique, le Bachelor est facturé entre 12 000 euros et 15 000 euros par an en même temps qu’il a bénéficié de 36 millions d’euros sur cinq ans de fonds publics pour moins de 100 étudiants par an ! Face au développement de ce «marché», tous les établissements, y compris les universités, décideront vraisemblablement de facturer leurs diplômes de licence. Ainsi, les écoles draineront l’essentiel de la manne financière car elles attirent les étudiants socialement les plus aisés et susceptibles de payer, pendant que les universités, à quelques exceptions près, se retrouveront piégées entre une population étudiante moins favorisée à laquelle on demandera de s’endetter et un désengagement de l’Etat.
La pression pour instituer des frais d’inscription se renforce depuis des années. Il s’agit de créer un marché profitable et de rendre docile les futurs travailleurs : les diplômés endettés n’auront d’autres choix que d’accepter les emplois qui leur seront proposés et les conditions de travail qui leur seront imposées. Dans la droite ligne de la politique de flexibilisation du marché du travail, il s’agit de développer et de faire accepter une précarisation de l’emploi, un asservissement aux lois du marché et une remise en cause de l’accès de tous à l’éducation.
On aurait tort de penser que cette interprétation est du pur mauvais esprit : les révélations de WikiLeaks ont fait fuiter une note datée du 16 novembre 2016, attribuée à Robert Gary-Bobo [professeur d’économie, ndlr], et destinée à l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. L’augmentation des frais d’inscription y est décrite comme «le nerf de la guerre», de même que le développement du crédit aux étudiants. Cette note distingue crûment «ce qui serait souhaitable» (mais indicible tel quel à la population) des éléments stratégiques et communicationnels permettant de faire passer la pilule. Il s’agit, en effet, d’atteindre des frais d’inscription allant vers les 10 000 euros par an en master (et même 20 000 euros pour les grandes écoles), sans épargner les licences. Pour faire passer une telle révolution, la note fournit les éléments de langage. Le crédit ? Un nouveau droit pour l’autonomie des jeunes, mettant «tout le monde, "fils de bourgeois" et autres, sur un pied de plus grande égalité». Il «faut bannir du vocabulaire les mots de "concurrence" et "d’excellence", détestés par les syndicats d’enseignants et d’étudiants. Remplacer systématiquement ces mots par "ouverture" et "diversité". […]. La sélection ne signifie pas exclusion mais orientation». La méthode ? «Y aller doucement mais commencer tout de suite avec les droits d’inscription.» Il est même suggéré de conserver des formations gratuites pour mieux les éradiquer.
Il est évident que face à un sujet aussi sensible, le «saucissonnage» de la réforme est un moyen de faire passer cette transformation radicale de l’enseignement supérieur par étapes, en limitant la contestation étudiante : les frais ont été augmentés dans plusieurs grandes écoles publiques (3 500 euros à Centrale Supéléc, 2 600 euros à 4 600 euros à Télécom Paris-Tech ou aux Mines de Paris, 2 870 à 5 740 euros aux Ponts et Chaussées). De même, des expérimentations ont été menées à Sciences-Po et à Dauphine (les frais d’inscription en master y allant jusqu’à respectivement 24 000 et 6 160 euros). A chaque fois dans des institutions prestigieuses, donnant un accès privilégié au marché du travail, et peuplées d’une population particulièrement favorisée et peu revendicative. Cette tendance à l’augmentation des frais d’inscription s’est poursuivie avec la multiplication des diplômes d’universités (DU), non reconnus nationalement mais créant de discrètes poches de marchandisation dans le supérieur. Avec la volonté de conférer à ces diplômes les grades de licence et de master, c’est tout un système d’enseignement public et quasi gratuit que le gouvernement emmène vers un modèle marchand, payant et cher, sans tenir compte des désastreuses expériences étrangères en la matière !
Le gouvernement doit clarifier sa position et dire s’il veut ou non remettre en cause un modèle fondé sur un accès gratuit à l’enseignement supérieur. S’il veut rassurer les (futurs) étudiants et leurs familles, le président de la République et le gouvernement ont les moyens de profiter de la réforme constitutionnelle annoncée pour y inscrire la gratuité de tous les cursus de l’enseignement supérieur public. Il en résulterait nécessairement une remise en cause des tarifs pratiqués par certains établissements (Sciences-Po, Dauphine, les écoles d’ingénieurs) et une suppression des droits demandés aux étudiants dans chaque université. Le coût demeurerait très limité mais la portée majeure. Il en va du modèle de société que nous voulons pour le pays.
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Va-t-on bientôt payer ses études en licence ?
L'Ecole polytechnique a ouvert en septembre 2017 un cursus payant de "Bachelor" (nom donné à la licence dans les pays anglo-saxons) avec l'assentiment de ses ministères de tutelle. Or, ce cursus...
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Ces 48 heures où la France a placé ses jeunes en garde à vue...
EXTRAITS
Le 22 mai, les forces de l’ordre intervenaient au lycée Arago, à Paris, brièvement occupé par plusieurs dizaines de jeunes, et procédaient à 102 interpellations. Julien*, le frère de notre collaborateur Thomas Deslogis, en faisait partie.
«Julien* est en garde à vue.» Le message m’arrive le mercredi 23 mai au soir. Julien a été arrêté la veille, en même temps qu’une centaine d’autres jeunes, alors qu’en marge de la manifestation du jour, ils s’étaient introduits dans l’enceinte du lycée Arago, place de la Nation à Paris.
Il vient d’avoir 18 ans, est étudiant, ne fait partie d’aucun mouvement ni syndicat, mais a la fièvre politique que j’avais à son âge, il y a dix ans, alors que j’étais loin de penser devenir journaliste. Julien est mon frère.
Déjà vingt-quatre heures qu’il est derrière les barreaux. Tandis que je fais chauffer mon téléphone en tournant dans mon appartement, Julien apprend que contrairement à ce que les forces de l’ordre lui avaient assuré plus tôt dans la journée, sa garde à vue est prolongée. Il retourne dans sa cellule, qu’il partage avec six autres perturbateurs de paix sociale et de cours de lycées.
Mardi 22 mai, jour 1
Les fonctionnaires défilent dans différentes villes de France pour défendre le service public. À Paris, près de 15.000 personnes manifestent, dont une poignée de jeunes venus exprimer leur solidarité en cette période de mécontentement général.
La foule commence à se disperser. Dans le cortège étudiant, on discute déjà de l’après manif. Ines* pense aller boire une bière avec ses amis, mais tout d’un coup, un appel circule: «Tous à Arago!», pour y tenir une assemblée générale, à la demande, selon la rumeur, des élèves du lycée. Julien entend le même mot d’ordre.
Puis tout va très vite. Les forces de l’ordre sont appelées par la direction du lycée dès que la centaine de jeunes y pénètre, comme l'expliqueront les inspecteurs.
La logique est la même que lors des mouvements de foules: on suit le mouvement, porté par l’adrénaline et l’instinct de survie plus que par une analyse posée de la situation. Les jeunes se réfugient dans une salle de classe, un partie pousse chaises et tables pour bloquer l’entrée.
De ce que Julien peut observer, les quelques ordinateurs présents sont tout simplement déplacés sur une autre table. Il ne s’explique toujours pas les images de matériel informatique volé ou cassé qui ont fait le tour des réseaux sociaux. On est en droit d’imaginer que n’importe qui aurait pu profiter de l’éphémère chaos qui régnait alors dans les couloirs de l’établissement.
Voilà les CRS soudainement «dépassés», comme obligés d’obéir à un ordre venu d’en haut et auquel eux-mêmes ne s’attendaient pas.
Un groupe de CRS s'introduit finalement dans la classe, tandis que leurs collègues détruisent une autre porte menant au même endroit. Julien voit encore le premier corps de police crier sur le second pour qu’il s’arrête.
Outre quelques plaquages plus ou moins secs durant la mini-course poursuite qui vient de se terminer, dont une fille prise à la gorge sous les yeux d’Inès, le face-à-face se déroule sans trop d’accrocs. Les forces de l’ordre emmènent la centaine de jeunes dans la cour du lycée, les y font s’assoir et patienter, en leur envoyant «des signaux et des informations contradictoires». Normalement, dit-on à Julien, tout cela sera terminé en un rien de temps.
Normalement. Mais les CRS, soudainement «dépassés», comme obligés d’obéir à un ordre venu d’en haut et auquel eux-mêmes ne s’attendaient pas. Chaque élève, un à un, a le droit à sa fiche d’interpellation. Un bus, dans lequel une soixantaine de jeunes sont entassés, est appelé à la rescousse. Direction le commissariat Hebert, dans le 18e arrondissement.
Une fois arrivées, les forces de l’ordre doivent s’organiser pour dispatcher cette petite foule dans les différents commissariats de la capitale, opération qui prendra près de quatre heures. Quatre heures dans la chaleur d’un bus plein à craquer. Quatre heures durant lesquelles les étudiants se convainquent qu’il est impossible d’arrêter autant de personnes à la fois pour un fait qu’eux, qui n’ont fait que suivre le mouvement sans violence ni dégradation, jugent aussi mineur, aussi commun en temps de grève, aussi désorganisé.
Mais comme le résume Julien a posteriori, ces trois jours seront «une suite de faux espoirs». La distribution faite, chacun son commissariat par petits groupes, les gardes à vue sont officiellement notifiées. Viennent les fouilles et les confiscations.
Ici s’arrête la communication avec le monde extérieur. Julien se retrouve d’abord dans une cellule en compagnie de vingt-cinq de ces camarades, puis six. Les quelques mineures et mineurs sont enfermés à part. Un étudiant, au mécontentement trop démonstratif, sera isolé. Il est minuit passé.
(...)
Samedi 26 mai, épilogue
Sourires aux lèvres, étudiantes et étudiants fraîchement libérés se demandent «qui est le con qui a eu cette idée» d’aller au lycée Arago. Tout ce petit monde est désormais fiché.
Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, s’exprime sur BFM. «Si on veut garder demain le droit de manifester, dit-il en réaction à de nouveaux débordements, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent aussi s'opposer aux casseurs, et non pas, par leur passivité, être d'un certain point de vue complices de ce qui se passe».
Tensions dans les manifestations: Gérard Collomb estime que les manifestants "sont complices" des casseurs "par leur passivité" pic.twitter.com/rho6ROzqZQ
— BFMTV (@BFMTV) 26 mai 2018
Jusqu’à la date de son procès, Benjamin, qui étudie en banlieue, a l’interdiction de se rendre à Paris. Inès s’est fait passer un savon par ses parents. La mère de Julien, la mienne donc, avait prévu d'aller manifester ce 26 mai. Elle renonce.
*Les prénoms ont été modifiés.
Thomas Deslogis
L'article entier est à lire en cliquant ci-dessous
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Ces 48 heures où la France a placé ses jeunes en garde à vue
Le 22 mai, les forces de l'ordre intervenaient au lycée Arago, à Paris, brièvement occupé par plusieurs dizaines de jeunes, et procédaient à 102 interpellations. Julien*, le frère de notre ...
“Que sont-ils devenus ?” : une prof fait parler d’anciens élèves à la dérive...
EXTRAIT
Qu’advient-il des adolescents qui traînent sur les bancs publics après les cours ? Des cancres et des “je-sais-tout” ? Pour Arte Radio, Delphine Saltel s’est enquis du sort de ses anciens élèves, quinze ans après leur passage dans le collège d’une banlieue difficile.
« Ce jour-là, j'ai rendez-vous avec mon pire souvenir de prof », annonce Delphine Saltel. Il s'appelle Ange. Une dizaine d'années après avoir quitté l'Education Nationale pour se consacrer entièrement à la radio, l'ex-professeur de français d'une banlieue difficile est partie à la rencontre de ses anciens élèves micro en main, pour Arte Radio. Que sont devenues les terreurs du collège et les premières de la classe ? Celle qui les enregistrait déjà à l'époque, confronte aujourd'hui leur voix d'enfant à leur parcours d'adulte. En découle un documentaire en quatre épisodes, parfois drôles, souvent touchants. Et dérangeants. Certaines personnes se sont métamorphosées, d'autres sont toujours en difficulté. Que peut l'école républicaine face aux déterminismes sociaux ? Par le biais d’archives, Delphine Saltel immerge l'auditeur dans le quotidien de sa « clouf » (le nom de code pour « classe de ouf »). Sur un ton désabusé et comique, elle raconte les « bruits de bouche bizarres » qu'ils faisaient dès qu'elle avait le dos tourné, et se souvient d'un temps où elle était persuadée que sa fonction permettait d'influencer les destins.
(...)
Irène Verlaque
Suite et fin à lire en cliquant ci-dessous (pour abonnés)
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"Que sont-ils devenus ?" : une prof fait parler ses anciens élèves
Qu'advient-il des adolescents qui traînent sur les bancs publics après les cours ? Des cancres et des "je-sais-tout" ? Pour Arte Radio, Delphine Saltel s'est enquis du sort de ses anciens élève...
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QUE SONT-ILS DEVENUS ? | ARTE Radio
Ancienne prof dans une banlieue difficile, Delphine Saltel retrouve les élèves qu'elle avait enregistrés au collège et confronte leur voix d'enfant à leur parcours d'adulte.
#Parcoursup : «On se sent bloqués, niés même» - Garance A. 19 ans...
Garance, 19 ans, a écrit à Libé pour raconter son sentiment de déception et d'amertume envers «cet algorithme injustifié». Nous publions sa lettre dans cette chronique, qui donne la parole depuis le début de l'année à ceux en première ligne dans l'application de cette réforme d'ampleur.
Ce mardi, roulement de tambour : «Plus de deux tiers des élèves ont au moins une proposition dans Parcoursup», annonce le ministère de l’Enseignement supérieur, une semaine après la publication des premiers résultats d'affectation des élèves de terminale et en réorientation dans l'enseignement supérieur. Cette nouvelle plateforme qui remplace l'ancien système APB fait l'objet de vives inquiétudes et de critiques, notamment sur la méthode du gouvernement qui a mis en place cette réforme, d'ampleur, à toute vitesse.
Depuis le début de l'année, Libération donne la parole à tous ceux qui sont en première ligne dans l'application de cette réforme. Elèves, étudiants en réorientation, profs de lycée, enseignants-chercheurs... Dans cette chronique, chacun raconte, avec ses mots et son ressenti, les changements vécus de l'intérieur.
Derniers épisodes: «Le choc du classement dans ma classe de terminale», par Denis, prof de maths. Et une prof de fac qui raconte comment elle a trié les dossiers.
Aujourd'hui, Garance A., 19 ans, étudiante en réorientation
Elle nous a adressé cette lettre, avec l’espoir que «sa voix porte». Elle ne sait pas ce qu'elle fera plus tard mais aimerait bien contribuer à changer les choses. Parce qu'aujourd'hui, elle a perdu foi dans le système scolaire français.
«Je vous écris aujourd’hui pour parler de Parcoursup. Nous demander de déterminer notre futur en quelques mois, à l’aide d’un logiciel, c’est profondément agressif et douloureux. C’est beaucoup trop dur de nous demander de choisir "vite et bien". Hop, on doit cliquer sur un bouton, et puis deux, hop. On doit ensuite confirmer ou renoncer à un choix, le faire de façon stratégique, répondre à un choix en fonction d’un autre choix, etc. Hop. C’est fait. Que le résultat nous convienne ou pas, l’important c’est que ce soit fait. Pas le temps de réfléchir, hop. Je ne vous parle même pas du refus d’admission, ou de certaines listes d’attente qui ne sont que des euphémismes de rejet. Ça aussi, c’est très violent. Ça fait partie de l’école de la vie, mais à 18 ans, on n’est pas prêt.
«Pas prêt, mais aussi pas préparé. Les professeurs nous donnent des indications, mais ne savent pas mieux que nous comment le système marche. Même les professionnels des centres d’information et d’orientation, que j’ai, pour ma part, rencontrés à plusieurs reprises, ne sont pas en mesure de nous accompagner lors de cette étape qui nous serre le ventre.
Laissez-moi vous raconter tout de même mon «parcours»
«Je veux souligner un autre point très important pour moi, sûrement le plus brutal : on n’a pas le droit à l’erreur. Et même si l’on nous dit qu’on a le droit de se tromper, que la réorientation est possible, c’est faux. Les élèves en réorientation repartent avec un handicap. Ils ne sont pas souvent représentés dans les articles sur Parcoursup. Je sais de quoi je parle, c'est mon cas. C’est normal, nous sommes une minorité. Mais laissez-moi vous raconter tout de même mon "parcours"…
«Ma scolarité a été plutôt bonne depuis le collège. J’ai tourné autour de 15 de moyenne et j’ai obtenu mon bac en 2017 avec la mention bien. A l’issue de mon inscription sur APB, j’ai obtenu mon premier choix : une prépa D1-ENS, qui me permettait de suivre une formation en droit et en économie, en prépa et à la fac. J’étais fière d’avoir eu de la chance mais aussi d’avoir bien bossé. Seulement voilà, dès les premiers jours, j’ai très vite compris que le droit ne me plaisait pas du tout. J’avais idéalisé la matière, je me suis sentie complètement perdue et très déçue. L’économie n’était pas ma tasse de thé non plus, et ne l’avait jamais été, à vrai dire.
«J’ai donc décidé d’interrompre mon année. En novembre, j’ai quitté le système scolaire, ayant bien en tête que ce n’était qu’une mesure provisoire. J’aime trop l’école pour m’en passer. Il a toujours été hors de question que je m’arrête là, mais seulement que je recule pour mieux sauter.
«Psychologiquement, c’était très dur, parce que c’était considéré dans mon environnement comme "déviant" au sens propre : je prenais un chemin de traverse et perdais du temps. Mais je me suis persuadée que je pourrais retrouver la "route principale" l’année suivante. Bien sûr, je ne suis pas à plaindre. J’ai eu des réponses positives. Certains n’ont rien eu du tout, d’autres sont sur liste d’attente et vont sûrement y rester jusqu’à septembre. Ces élèves doivent à tout prix être aidés. Ils ne peuvent pas rester dans cette situation pendant toutes les vacances scolaires. C’est trop de stress, c’est inhumain.
On ne va tout de même pas jouer aux chaises musicales pendant tout l’été
«Je pense à tous ceux qui sont dans des cas plus alarmants que le mien. Tout le monde n’a pas la chance d’être encadré et soutenu par une famille attentive. Choisir son avenir ne devrait pas être source d’insomnie et de crises de panique. Cela ne devrait pas s’apparenter à un sentiment d’échec. Ecrire son futur devrait faire ressortir les ambitions de chacun et "donner la niaque". Au lieu de ça, on se sent bloqués. Niés, même, en quelque sorte. Je ne me sens pas comme une jeune femme qui se lance dans la vie, qui fait ses choix. Mais comme un numéro de dossier, qu’on juge "apte", "inapte" ou "moyenne".
«Le fait de devoir tout prouver avant même d’intégrer une formation, ça aussi c’est consternant ! Le principe, c’est quand même d’aller à l’école, d’apprendre, et ensuite de montrer qu’on est capable. Là, par des lettres de motivation, on doit montrer qu’on est capable d’aller à l’école. Et les élèves qui n’ont pas appris à se vendre, à se mettre en avant, à démontrer leurs qualités, comment s’en sortent-ils ? Les enfants dont les parents ne peuvent les aider à écrire une lettre en 2 500 caractères, espaces inclus, comment s’en sortent-ils ? Est-ce que ça veut dire qu’ils sont moins capables ? Non, juste qu’on ne peut pas comparer 810 000 élèves entre eux. Chacun est différent, les qualités et les notes de l’un ne devraient pas être un critère de sélection imposé à l’autre.
«Alors voilà, aujourd’hui, je n’ai plus foi dans le système scolaire français. Et je ne vais pas refaire le pays du haut de mes 19 ans. En revanche, j’espère avoir l’opportunité d’étudier les sciences politiques pour pouvoir y contribuer, dans un futur proche. Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard. J’ai plein d’idées. Mais il y a un épais brouillard entre le point de départ et le Saint Graal de l’arrivée.
«Oter des mains des lycéens les clés de leur propre futur professionnel, c’est irraisonné. On leur donne le choix, mais pas trop quand même. Il faut qu’il y en ait pour tout le monde. Et aucun n’est satisfait. De toute façon, il n’y a plus de places. Il y a trop d’élèves pour les places vacantes. On ne va tout de même pas jouer aux chaises musicales pendant tout l’été ! Il faut peut-être résoudre le problème à la source au lieu de nous imposer des algorithmes injustifiés. Les jeunes ne sont pas des objets d’expérimentation. Leur avenir encore moins.»
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Parcoursup : "On se sent bloqués, niés même"
Garance, 19 ans, a écrit à Libé pour raconter son sentiment de déception et d'amertume envers "cet algorithme injustifié". Nous publions sa lettre dans cette chronique, qui donne la parole dep...
http://www.liberation.fr/france/2018/05/29/parcoursup-on-se-sent-bloques-nies-meme_1654976
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Toute l'actualité en direct - photos et vidéos avec Libération
Dans un tweet publié lundi, l'élu FN Julien Leonardelli sous-entend que Mamoudou Gassama, qui a sauvé un enfant suspendu à un balcon parisien, se serait vu "immédiatement ouvrir les portes de ...
Revue de Presse Education... Professionnel - Parcoursup - Divers...
L’actualité est dominée aujourd’hui pour les annonces d’hier sur la réforme de l’enseignement professionnel. On parle aussi toujours de Parcoursup.
Professionnel
Lycées professionnels : vers une organisation profondément remaniée
Réforme : Quel avenir pour les lycéens professionnels ?
“Incontournables. De ministre en ministre, l’enseignement professionnel est salué par de grandes déclarations sur sa revalorisation. La réforme annoncée le 28 mai par JM Blanquer n’échappe pas à la règle. Pourtant elle se traduit par une réduction sensible des heures d’enseignement général et une certaine déprofessionnalisation avec des interrogations pour le maintien de postes d’enseignement. JM Blanquer ressuscite un enseignement supérieur d’un an non qualifiant pour les bacheliers professionnels qui rappelle beaucoup le "brevet professionnel supérieur" imaginé par G Fioraso en 2014. Si un effort de modernisation des formations est annoncé par le ministre, il faut bien dire que l’avenir des jeunes des lycées professionnels semble peser bien peu alors même que c’est là que se joue, comme le dit le ministre lui-même l’avenir du pays.”
Blanquer crée un sas entre le bac pro et les BTS
“Le ministre de l’Education a annoncé ce lundi la création de 2.000 places dans de nouvelles « classes passerelles » pour les bacheliers professionnels. Ils y suivraient une remise à niveau d’un an avant d’accéder à l’enseignement supérieur.”
Reforme de la voie professionnelle : A quoi ressembleront les campus professionnels ?
“Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a annoncé ce lundi des mesures pour revaloriser la voie professionnelle et veut voir émerger des « Havard professionnels »…”
Les réactions sont variées.
Blanquer : une inflexion dans le rôle officiel dévolu aux bacs professionnels. Par Claude Lelièvre
“Le ministre vient d’indiquer qu’en terminale de lycée professionnel, les élèves auront le choix entre ’’un module d’insertion professionnelle’’ et un ’’module de poursuite d’études’’ modifiant ipso facto le rôle qui avait été officiellement donné aux bacs pros lors de leur création.”
Enseignement professionnel : Les réactions à la réforme Blanquer.
“Que pensent les syndicats de la réforme du lycée professionnel présentée par JM Blanquer ? Des critiques souvent négatives mais avec des nuances sensibles. Régions de FRance soutient la réforme tout en soulignant sa dépossession…”
Les réformes de la voie professionnelle du ministère doivent mener à une "réforme des mentalités" sur la filière. “Samuel Cywie, porte-parole de la PEEP, a réagi lundi sur franceinfo aux mesures présentées par le ministre de l’Education pour revaloriser les baccalauréats professionnels.”
Pour l’Humanité, Blanquer offre le bac pro aux entreprises (article réservé aux abonnés).
Parcoursup
Hausse des abandons
‘L’effet décourageant de Parcoursup est il déjà démontré ? La publication quotidienne des résultats de Parcoursup montre qu’au 28 mai encore 285 794 lycéens n’ont toujours aucune proposition soit seulement 50 000 de moins qu’au 25 mai. Le grand changement c’est la hausse continue des abandons de la plateforme. Ils ont été multiplié par quatre depuis le 24 mai et concernent déjà 13 000 jeunes.’
Parcoursup : 65% des élèves ont au moins un "oui", 35% refusés ou en liste d’attente
AFP.
Parcoursup : pourquoi un tel choc ? Par Camille Stromboni
“Analyse. L’émotion des lycéens sans proposition de formation a été à la hauteur de l’attente suscitée par le gouvernement, attendu au tournant.”
Divers
Une interview du ministre : il est vrai que ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas entendu…
Laïcité, facs... Blanquer parle cash
“En un an, le programme du ministre de l’Éducation - retour aux "basiques", refus du compromis avec les "pédagogos", volonté affichée de regarder les problèmes en face - lui a valu une popularité enviable. En mai 2018, 58% des Français se disent toujours favorables à sa politique.
Le changement de discours a fait mouche, donc. Reste à savoir si l’action convaincra. L’Express a passé le ministre sur le gril.”
Rémunération des fonctionnaires au mérite : le chantier est lancé ce lundi à Bercy
“Pour ce troisième chantier de la réforme de la fonction publique, Olivier Dussopt, le secrétaire d’État à la Fonction publique, a invité les neuf syndicats de fonctionnaires et des experts de l’OCDE et de la Caisse des dépôts et consignation.” Et on le mesure comment le mérite d’un enseignant ? Il met 20/20 à tous ses élèves ?
L’Education nationale et la FFF veulent rapprocher foot et école
“La ministre des Sports, le ministre de l’Education nationale et le président de la Fédération française de football ont signé lundi soir une convention de partenariat pour rapprocher davantage le monde du foot et de l’école, en marge du match France-Eire au stade de France.”
Redoublement et rôles du conseil de classe et du chef d’établissement : on resserre les boulons par Bruno Magliulo, Formateur/conférencier. “Deux textes réglementaires récents sont venus modifier en profondeur les règles concernant le redoublement et les rôles des conseils de classe et des chefs d’établissement en matière d’orientation dans l’enseignement secondaire. Ces textes sont passés relativement inaperçus, sans doute parce que l’actualité éducative du moment est fort chargée en réformes plus fondamentales. Ils viennent cependant changer radicalement la donne en la matière, et surtout, vont à l’encontre des tendances observées dans ce domaine ces trente dernières années. ”
20 ans après, le processus de Bologne mise sur l’innovation pédagogique
Étienne Gless
“Promouvoir les pratiques pédagogiques innovantes d’enseignement et développer l’inclusion de nouveaux publics : c’est la nouvelle feuille de route des 47 ministres de l’Enseignement supérieur réunis à Paris lors de la Conférence ministérielle européenne pour l’enseignement supérieur les 24 et 25 mai 2018.”
Au piquet
“La Maison Blanche écrit à une enseignante, elle leur renvoie la lettre corrigée
L’amour de la syntaxe n’a pas de limites, peu importe son interlocuteur. La Maison Blanche en a récemment fait les frais : après avoir envoyé une lettre signée Donald Trump à la professeure Yvonne Madson, le courrier leur a été retourné… corrigé.”
Géraldine Duboz
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Revue de presse du mardi 29 mai 2018
L'actualité est dominée aujourd'hui pour les annonces d'hier sur la réforme de l'enseignement professionnel. On parle aussi toujours de Parcoursup. Lycées professionnels : vers une organisation...
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Revue-de-presse-du-mardi-29-mai-2018
Interdiction du téléphone portable dans les #collèges : les députés adoptent en commission un texte jugé "grotesque" par une partie de l'opposition..
Mardi, les députés de la commission des affaires culturelles et de l'éducation ont adopté la proposition de loi du groupe LREM visant à encadrer l'usage des téléphones portables dans les écoles et collèges. Le texte, réécrit à la suite de l'adoption d'un amendement de la rapporteure LREM Cathy Racon-Bouzon, reprend une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
Il vise à interdire "l’utilisation d’un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques par un élève" dans les établissements scolaires, mais aussi "pendant toute activité liée à l'enseignement qui se déroule à l'extérieur de leur enceinte".
Une interdiction assortie de deux exceptions : le téléphone portable sera accepté en classe en cas d'"usages pédagogiques" mais aussi dans les lieux où le règlement intérieur "l'autorise expressément".
"Grotesque"
Lors de l'examen du texte, l'opposition a rappelé qu'une loi interdisant l'usage du téléphone portable dans les salles de classe existait déjà.
Frédérique Meunier (LR) n'a d'ailleurs pas hésité à lire à ses collègues l'article L. 511-5 du code de l’éducation, effectif depuis 2010 :
Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l'utilisation durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d'un téléphone mobile, est interdite.Rédaction actuelle de l'article Article L511-5 du code de l'éducation
"Parfois, ça peut être grotesque de vouloir répondre à tout prix à une promesse de campagne d'autant plus que cette promesse avait été faite alors que la loi existait déjà", a moqué la députée communiste Elsa Faucillon. Son collègue socialiste Régis Juanico met en cause un texte qu'il juge avant tout politique :
Moi, ce que j'ai compris, c'est que (cette loi) a vocation de permettre au ministre de l'Education nationale (Jean-Michel Blanquer) à la rentrée de septembre de pouvoir faire des annonces...Régis Juanico
La rapporteure LREM du texte Cathy Racon-Bouzon a en effet affirmé que l'objectif était de permettre une mise en oeuvre de la mesure dès la rentrée 2018-2019.
"Premier étage de la fusée"
Mais Cathy Racon-Bouzon a défendu le texte, qui instaure un "principe (général) d'interdiction du portable" alors que, dans sa rédaction actuelle, la loi prévoit que seul le règlement intérieur d'un établissement peut le faire.
La rapporteure a également affirmé que la proposition de loi était le "premier étage d'une fusée" permettant d'engager une "réflexion sur la démarche éducative" : les députés ont adopté un amendement "afin que les écoles et collèges transposent à l’ère du numérique l’éducation à la responsabilité civique" ainsi qu'un autre visant à "renforcer la formation des élèves à l’utilisation des outils et des ressources numériques".
D'autres initiatives pourraient être prises à "l'été ou à l"automne" à l'issue de la présentation des conclusions de la "mission d'information sur l'école à l'ère du numérique".
Le texte, qui a été renommé "proposition de loi relative à l'encadrement de l'utilisation de l'usage du téléphone portable dans les écoles et les collèges", sera examinée en séance publique le jeudi 7 juin.
Maxence Kagni
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Les députés adoptent en commission l'interdiction du téléphone portable dans les collèges
Mardi, les députés de la commission des affaires culturelles et de l'éducation ont adopté la proposition de loi du groupe LREM visant à encadrer l'usage des téléphones portables dans les éc...