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Vivement l'Ecole!
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Admission post bac... Une bombe à retardement: l'éclosion d'un système à plusieurs vitesses... (+ "A retenir")

31 Octobre 2017 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education, #Université

Admission post bac... Une bombe à retardement: l'éclosion d'un système à plusieurs vitesses... (+ "A retenir")

Le gouvernement le jure, sa réforme de l'accès à l'enseignement supérieur n'est pas une manière déguisée d'introduire de la sélection à l'université. Mais est-ce réellement le cas ? Ne va-t-on pas assister à l'éclosion d'un système à plusieurs vitesses ? Entretien avec la sociologue Annabelle Allouch. 

Après deux mois de concertation, le gouvernement a dévoilé le 30 octobre les nouveaux contours de l’enseignement supérieur dès la rentrée 2018 (lire ici notre article sur le sujet). La future loi prévoit en effet que chaque bachelier pourra accéder à la filière de son choix, écartant ainsi la perspective d’une sélection sèche, réprouvée par la plupart des syndicats et organisations étudiantes. Mais il n’est pas question de conserver un accès libre, comme c’est le cas actuellement, à l’université. Un bachelier qui ne remplirait pas un certain nombre de critères pourra en effet se voir imposer par l’université une remise à niveau pour s’inscrire à la filière de son choix. Si jamais le nombre de places était insuffisant, la priorité serait donnée aux meilleurs profils.

Annabelle Allouch est maître de conférences à l’université de Picardie Jules-Verne et auteure de La Société du concours, l’empire des classements scolaires (éditions du Seuil), où elle interroge « l’habillage méritocratique » de notre société et sa capacité à exacerber la concurrence sur la base des concours. Elle analyse pour Mediapart les conséquences possibles de cette réforme « aux intentions louables ».

Le gouvernement explique ne pas introduire de sélection à l'université avec cette réforme. Est-ce vraiment le cas ?

Annabelle Allouch : Pour moi, la France s’aligne sur les standards internationaux (et surtout américains) de sélection avec cette réforme. L’enseignement supérieur tel qu’on l’a connu n’existera plus. Il y a de la sélection même si le gouvernement explique le contraire. Dès lors qu’on institue des prérequis ou des attendus, on met une conditionnalité, donc c’est de fait de la sélection. On demande à des étudiants de respecter des conditions scolaires, de motivation et de compétences. C’est aussi une forme de sélection lorsqu’on demande aux universitaires de mettre en œuvre un choix. Si on reprend la formule de Bourdieu, le concours, c’est transformer des micro-différences (un demi-point) en propriétés sociales. Là, on transforme une batterie de critères en un statut scolaire et social qui différenciera le dernier étudiant admis du premier lycéen recalé. C’est la même logique. Il est intéressant de noter dans le dossier de presse du gouvernement qu’il y a un rétropédalage par rapport au discours d’Emmanuel Macron, qui expliquait en septembre que l’université n’est pas pour tout le monde. Dorénavant, le gouvernement insiste sur la nécessaire démocratisation de l’université, en intégrant dans sa communication des éléments de critique sur les inégalités sociales et en rappelant le poids du milieu social pour mieux les désamorcer. Ils sont sortis de leur approche trop brutale et frontale, qui aurait pu être le catalyseur d’une mobilisation des jeunes et des syndicats. 

Le gouvernement assure vouloir, avec cette réforme, juguler la sélection par l’échec qui donne lieu à 60 % d’abandon en première année de licence ; est-ce une réponse pertinente à cette situation ?

Il y a deux mythes qui ont la vie dure. Il y a ce mythe de l’étudiant de bac professionnel voulant aller en fac de philosophie, qui agit comme une figure repoussoir alors qu’ils sont très minoritaires à vouloir s’engager dans ce type de cursus. Et puis, il y a ces 60 % d’échec en licence. En réalité, on ne sait pas vraiment où vont ces étudiants. Si nous, à l’université, on n’arrive pas à le déterminer clairement, le gouvernement ne peut pas le savoir aussi. Certains disparaissent, mais peut-être pour avoir une meilleure situation. Parler de sélection par l’échec, c’est aussi sous-entendre qu’aller directement sur le marché du travail, ou en formation, c’est un échec. Que l’étudiant qui a choisi finalement une voie professionnelle plus rapide fait erreur. Le gouvernement impose ainsi une lecture de l’échec et de la réussite : pour lui, la seule façon de réussir dans notre société, c’est de décrocher un diplôme d’études supérieures. On impose une forme normée de réussite, avec une vision élitiste et très tranchée sur la réussite dans le monde social. Il y a les diplômés et les autres, ce qui contribue à reproduire des hiérarchies scolaires. 

Il fallait mettre fin au tirage au sort, explique aussi l’exécutif. Est-ce une motivation suffisante pour la réforme ? 

C’est un discours de justification hyper huilé, qui a bien fonctionné. C’est un coup à deux bandes, en disant « on met fin au tirage au sort », alors que c’est marginal. Les familles en ont peur. Le gouvernement a mis en scène un tirage au sort qui concernerait tout le monde. La rhétorique est imparable : vous n’aimez pas le tirage au sort, le hasard, donc on le remplace par le mérite. C’est du faux bon sens, mais c'est très malin d’un point de vue politique et ça permet de justifier l’introduction d’une réforme impopulaire depuis Mai 68. 

Est-ce que cette réforme signe la fin de la liberté d’accès à l’enseignement supérieur pour tous ?

Le bac reste la condition d’accès à l’enseignement supérieur. Mais l’efficacité et la transparence deviennent les valeurs principales du système qui s’impose aux bacheliers. Ça change que la notion d’égalité dans l’accès du diplôme n’est plus garantie par l’État. C’est dorénavant un système plus élitiste et méritocratique qui s’impose. Ce n’est ni négatif ni positif, mais il faudra montrer son mérite pour avoir accès à la filière de son choix. En ce sens, ce système est opposé à l’égalitarisme inspiré par Mai 68, qui a perduré pour des raisons politiques.

Le mot « attendus » a été préféré à celui de « prérequis », plus connoté ; qu’est-ce que cela signifie ?  

Le terme « attendus » fait basculer la responsabilité du côté de l’élève. On lui demande de respecter ces attendus, ce qui est plus subtil avec le terme de prérequis. Il y avait dans ce dernier terme une ambiguïté entre les responsabilités de l’État, de l’université et de l’élève. Sans compter qu’il sonne moins bien à l’oreille, comme l’a dit la ministre de l’enseignement supérieur.

Est-ce que cela va dissuader des jeunes de postuler à telle ou telle filière ? 

De toute façon, dès que la sélection est introduite, toutes les études sont très claires, on décourage une partie du public lycéen qui, de facto, anticipe cette conditionnalité et se place là où il pense qu’il sera accepté. Donc certains vont forcément se dire qu’ils n’ont pas de place ailleurs qu’en BTS. C’est d’ailleurs ici qu’on ajoute des places, pas à l’université, le message est clair. Les plus fragiles – et il y a toujours une corrélation entre le milieu d’origine et la réussite – vont s’écarter d’eux-mêmes. Dans le document du ministère, il y a une vraie reconnaissance de ce poids du milieu social, mais on n’y apporte pas de vraie réponse. On connaît ce constat sociologique, mais l’État ne tente plus de jouer le rôle de permettre une mobilité sociale aux citoyens. 

Va-t-il y avoir plus de pression au lycée pour penser ce parcours d’orientation ?

Les professeurs de Terminale se consacrent déjà à l’orientation des élèves, mais manqueront de temps pour mettre en œuvre les mesures requises, par exemple lors des conseils de classe. Il y a déjà un programme très lourd pour le bac, de fait cela va être délégué au marché privé. Les familles vont ressentir une pression supplémentaire. D’autant que concentrer tous les efforts sur la classe de Terminale n’est pas la meilleure des idées. Les filières sélectives prennent les notes dès la Seconde et la Première, ce que les élèves qui visent des classes préparatoires savent comme ceux qui viennent des familles les mieux informées. On opère déjà un tri entre ceux qui l’ont compris et les autres. On peut aussi se demander comment cela va être encadré, avec quels financements précis ? Quelle formation va être donnée à ces professeurs qui ne connaissent pas toutes les filières existantes ? Sur le papier, les intentions sont bonnes, mais se focaliser sur la Terminale et sans financement me paraît discutable. 

Est-ce que cela signifie qu’un lycéen moyen n’aura plus la possibilité d’intégrer une fac de droit, où il se serait révélé ? 

Ça laisse moins de place aux trajectoires non rectilignes. Les Anglo-Saxons appellent cela les « late bloomers », soit ceux qui fleurissent plus tard. Ce système-là est mieux accepté chez eux. On se place, en France, dans le culte de la précocité. On valorise chaque année le marronnier du plus jeune bachelier de France ou celui qui entre à Polytechnique à 15 ans. La fonction de tri de l’école tourne à plein : on valorise ceux qui sont bons depuis le début. Alors que ceux qui ratent sont envoyés vers les sections professionnelles : « Tu n’es pas bon, alors sois au moins utile ! » La possibilité d’avoir accès à un savoir détaché d’une forme d’utilitarisme sera réservée à une élite. Les autres sont cantonnés à un savoir professionnel, défini comme « utile » à la société. Alors qu’en philosophie, par exemple, on apprend un raisonnement, à développer une argumentation, le sens de la lecture et de l’écriture. C’est aussi un savoir utile pour tous.

Les bacheliers des filières technologiques auront-ils moins de chances face aux bacheliers des filières générales ? 

On renforce ici de fait les hiérarchies entre filières : entre bacs technologiques, pro généraux et entre certains types de bacs généraux. On dévalorise les filières technologiques et professionnelles dans ce système d’enseignement supérieur en les forçant à aller vers un choix défini pour eux. On renforce les hiérarchies en mettant cette conditionnalité. Certains universitaires pensent qu’on peut revaloriser ainsi les établissements sur le dos des lycéens professionnels, souvent issus de milieux populaires. Ils ont la nostalgie de leur statut de mandarins et n’ont pas de problème à leur dire « on ne veut plus de vous ». 

Les « attendus » auront un cadrage national pour éviter les abus, mais pourront édicter des spécificités locales. Est-ce que certaines universités ne vont pas être tentées de mettre des exigences très sélectives pour barrer la porte, créant de fait des inégalités entre elles ? 

Évidemment, avec ce pas de deux, lié à la volonté d’octroyer encore plus d’autonomie aux universités, on leur donne la latitude de sélectionner un public ciblé et privilégié. Tout le monde est sous la pression des classements internationaux, on veut les meilleurs élèves pour espérer y figurer en bonne place. 

Le dossier scolaire antérieur devrait être pris en compte, ainsi que par exemple la pratique d’une activité extrascolaire, chose qui n’est pas systématique dans tous les milieux sociaux. Y a-t-il un risque de défavoriser les moins aisés ? 

Évidemment. Malgré des formes de bonne volonté, il y aura des inégalités pour ceux qui ne sont engagés dans rien. Mais cela dépend aussi de la définition du cursus extrascolaire. Si l’on ne prend en compte, et je suis caricaturale, que la pratique du tennis ou du violon, oui, cela va désavantager les plus faibles. Mais si l’on valorise les petits boulots par exemple, ce sera mieux, même si cela risque de rejouer les inégalités du secondaire, où les familles auront les moyens d’envoyer à la fois leurs enfants au théâtre et au tennis, là où les plus populaires feront seulement une activité si elle est soutenue par la mairie. 

Comment réformer un système qui est à bout de souffle ? 

Concernant le système universitaire, la solution la plus simple consiste à faire les choix budgétaires (par un investissement massif dans le recrutement d'universitaires, de personnels administratifs et dans la construction de locaux) correspondant vraiment à la politique de démocratisation qui a été celle des cinquante dernières années, et qui a abouti à l'accès à l'enseignement supérieur d'une grande partie d'une classe d'âge dans de nombreux pays occidentaux et ailleurs. Individualiser l'université, comme le propose cette réforme, en  s'adaptant aux besoins de chaque lycéen et de chaque étudiant, me paraît être un objectif louable, mais impossible à tenir dans les  faits, sans une masse critique d'enseignants et de personnels administratifs. 

Il y a aussi un deuxième volet qui concerne la revalorisation symbolique et financière des métiers « dits » manuels, de l'apprentissage et de la formation tout au long de la vie, et qui me paraît également indispensable pour espérer atteindre une forme de justice sociale. Sans cela, il faudra que le gouvernement assume devant ses électeurs, non seulement l'avènement d'un système dont la finalité est exclusivement élitiste, mais également l'abandon pur et simple de l'idée d'un accès au savoir pour tous, à la faveur d'un savoir devenu un bien privé, réservé à une minorité.

Faïza Zerouala

A retenir

"Un bachelier qui ne remplirait pas un certain nombre de critères pourra en effet se voir imposer par l’université une remise à niveau pour s’inscrire à la filière de son choix. Si jamais le nombre de places était insuffisant, la priorité serait donnée aux meilleurs profils."

"La France s’aligne sur les standards internationaux (et surtout américains) de sélection avec cette réforme. L’enseignement supérieur tel qu’on l’a connu n’existera plus. Il y a de la sélection même si le gouvernement explique le contraire. Dès lors qu’on institue des prérequis ou des attendus, on met une conditionnalité, donc c’est de fait de la sélection."

"Il y a un rétropédalage par rapport au discours d’Emmanuel Macron, qui expliquait en septembre que l’université n’est pas pour tout le monde. Dorénavant, le gouvernement insiste sur la nécessaire démocratisation de l’université, en intégrant dans sa communication des éléments de critique sur les inégalités sociales et en rappelant le poids du milieu social pour mieux les désamorcer. Ils sont sortis de leur approche trop brutale et frontale, qui aurait pu être le catalyseur d’une mobilisation des jeunes et des syndicats."

"Il y a deux mythes qui ont la vie dure. Il y a ce mythe de l’étudiant de bac professionnel voulant aller en fac de philosophie, qui agit comme une figure repoussoir alors qu’ils sont très minoritaires à vouloir s’engager dans ce type de cursus. Et puis, il y a ces 60 % d’échec en licence. En réalité, on ne sait pas vraiment où vont ces étudiants. Si nous, à l’université, on n’arrive pas à le déterminer clairement, le gouvernement ne peut pas le savoir aussi."

"Parler de sélection par l’échec, c’est aussi sous-entendre qu’aller directement sur le marché du travail, ou en formation, c’est un échec. Que l’étudiant qui a choisi finalement une voie professionnelle plus rapide fait erreur. Le gouvernement impose ainsi une lecture de l’échec et de la réussite : pour lui, la seule façon de réussir dans notre société, c’est de décrocher un diplôme d’études supérieures."

"Il y a les diplômés et les autres, ce qui contribue à reproduire des hiérarchies scolaires."

"Il fallait mettre fin au tirage au sort, explique aussi l’exécutif. Est-ce une motivation suffisante pour la réforme ? 

C’est un discours de justification hyper huilé, qui a bien fonctionné. C’est un coup à deux bandes, en disant « on met fin au tirage au sort », alors que c’est marginal. Les familles en ont peur. Le gouvernement a mis en scène un tirage au sort qui concernerait tout le monde. La rhétorique est imparable : vous n’aimez pas le tirage au sort, le hasard, donc on le remplace par le mérite. C’est du faux bon sens, mais c'est très malin d’un point de vue politique et ça permet de justifier l’introduction d’une réforme impopulaire depuis Mai 68."

"Dès que la sélection est introduite, toutes les études sont très claires, on décourage une partie du public lycéen qui, de facto, anticipe cette conditionnalité et se place là où il pense qu’il sera accepté. Donc certains vont forcément se dire qu’ils n’ont pas de place ailleurs qu’en BTS. C’est d’ailleurs ici qu’on ajoute des places, pas à l’université, le message est clair. "

"Concentrer tous les efforts sur la classe de Terminale n’est pas la meilleure des idées. Les filières sélectives prennent les notes dès la Seconde et la Première, ce que les élèves qui visent des classes préparatoires savent comme ceux qui viennent des familles les mieux informées. On opère déjà un tri entre ceux qui l’ont compris et les autres."

"On peut aussi se demander comment cela va être encadré, avec quels financements précis ? Quelle formation va être donnée à ces professeurs qui ne connaissent pas toutes les filières existantes ?"

"On se place, en France, dans le culte de la précocité. On valorise chaque année le marronnier du plus jeune bachelier de France ou celui qui entre à Polytechnique à 15 ans. La fonction de tri de l’école tourne à plein : on valorise ceux qui sont bons depuis le début. Alors que ceux qui ratent sont envoyés vers les sections professionnelles : « Tu n’es pas bon, alors sois au moins utile ! »"

"On renforce ici de fait les hiérarchies entre filières : entre bacs technologiques, pro généraux et entre certains types de bacs généraux. On dévalorise les filières technologiques et professionnelles dans ce système d’enseignement supérieur en les forçant à aller vers un choix défini pour eux. On renforce les hiérarchies en mettant cette conditionnalité. Certains universitaires pensent qu’on peut revaloriser ainsi les établissements sur le dos des lycéens professionnels, souvent issus de milieux populaires. Ils ont la nostalgie de leur statut de mandarins et n’ont pas de problème à leur dire « on ne veut plus de vous »."

"Est-ce que certaines universités ne vont pas être tentées de mettre des exigences très sélectives pour barrer la porte, créant de fait des inégalités entre elles ? 

"Évidemment, avec ce pas de deux, lié à la volonté d’octroyer encore plus d’autonomie aux universités, on leur donne la latitude de sélectionner un public ciblé et privilégié. Tout le monde est sous la pression des classements internationaux, on veut les meilleurs élèves pour espérer y figurer en bonne place."

"Concernant le système universitaire, la solution la plus simple consiste à faire les choix budgétaires (par un investissement massif dans le recrutement d'universitaires, de personnels administratifs et dans la construction de locaux) correspondant vraiment à la politique de démocratisation qui a été celle des cinquante dernières années, et qui a abouti à l'accès à l'enseignement supérieur d'une grande partie d'une classe d'âge dans de nombreux pays occidentaux et ailleurs."

"Il y a aussi un deuxième volet qui concerne la revalorisation symbolique et financière des métiers « dits » manuels, de l'apprentissage et de la formation tout au long de la vie, et qui me paraît également indispensable pour espérer atteindre une forme de justice sociale. Sans cela, il faudra que le gouvernement assume devant ses électeurs, non seulement l'avènement d'un système dont la finalité est exclusivement élitiste, mais également l'abandon pur et simple de l'idée d'un accès au savoir pour tous, à la faveur d'un savoir devenu un bien privé, réservé à une minorité."

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Bach...

31 Octobre 2017 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Nathalie Sarraute...

31 Octobre 2017 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Par les journées de juillet très chaudes, le mur d’en face jetait sur la petite cour humide une lumière éclatante et dure.

Il y avait un grand vide sous cette chaleur, un silence, tout semblait en suspens ; on entendait seulement, agressif, strident, le grincement d’une chaise traînée sur le carreau, le claquement d’une porte. C’était dans cette chaleur, dans ce silence – un froid soudain, un déchirement.

Et elle restait sans bouger sur le bord de son lit, occupant le plus petit espace possible, tendue, comme attendant que quelque chose éclate, s’abatte sur elle dans ce silence menaçant.

Quelquefois le cri aigu des cigales, dans la prairie pétrifiée sous le soleil et comme morte, provoque cette sensation de froid, de solitude, d’abandon dans un univers hostile où quelque chose d’angoissant se prépare.

Etendu dans l’herbe sous le soleil torride, on reste sans bouger, on épie, on attend.

Elle entendait dans le silence, pénétrant jusqu’à elle le long des vieux papiers à raies bleues du couloir, le long des peintures sales, le petit bruit que faisait la clef dans la serrure de la porte d’entrée. Elle entendait se fermer la porte du bureau.

Elle restait là, toujours recroquevillée, attendant, sans rien faire. La moindre action, comme d’aller dans la salle de bains se laver les mains, faire couler l’eau du robinet, paraissait une provocation, un saut brusque dans le vide, un acte plein d’audace. Ce bruit soudain de l’eau dans ce silence suspendu, ce serait comme un signal, comme un appel vers eux, ce serait comme un contact horrible, comme de toucher avec la pointe d’une baguette une méduse et puis d’attendre avec dégoût qu’elle tressaille tout à coup, se soulève et se replie.

Elle les sentait ainsi, étalés, immobiles, derrière les murs, et prêts à tressaillir, à remuer.

Elle ne bougeait pas. Et autour d’elle toute la maison, la rue semblaient l’encourager, semblaient considérer cette immobilité comme naturelle.

Il paraissait certain, quand on ouvrait la porte et qu’on voyait l’escalier, plein d’un calme implacable, impersonnel et sans couleur, un escalier qui ne semblait pas avoir gardé la moindre trace des gens qui l’avaient parcouru, pas le moindre souvenir de leur passage, quand on se mettait derrière la fenêtre de la salle à manger et qu’on regardait les façades des maisons, les boutiques, les vieilles femmes et les petits enfants qui marchaient dans la rue, il paraissait certain qu’il fallait le plus longtemps possible – attendre, demeurer ainsi immobile, ne rien faire, ne pas bouger, que la suprême compréhension, que la véritable intelligence, c’était cela, ne rien entreprendre, remuer le moins possible, ne rien faire.

Tout au plus pouvait-on, en prenant soin de n’éveiller personne, descendre sans le regarder l’escalier sombre et mort, et avancer modestement le long des trottoirs, le long des murs, juste pour respirer un peu, pour se donner un peu de mouvement, sans savoir où l’on va, sans désirer aller nulle part, et puis revenir chez soi, s’asseoir au bord du lit et de nouveau attendre, replié, immobile.

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Commémorer Mai-68 : le prix de consolation de Macron pour la gauche?...

31 Octobre 2017 , Rédigé par L'Obs Publié dans #Politique, #Histoire, #Mai 68

Commémorer Mai-68 : le prix de consolation de Macron pour la gauche?...

Rien de mieux qu'une petite commémoration de Mai-68 pour se démarquer de la droite réactionnaire... sans pour autant incliner sa politique.

En politique, la "triangulation" consiste, lorsqu'on vise le pouvoir ou qu'on l'exerce, à assécher son adversaire politique en lui piquant ses idées. En leur temps, Bill Clinton ou encore Tony Blair s'y sont adonnés avec délice. Mais Emmanuel Macron, lui, explore une nouvelle forme de triangulation, plus sophistiquée. Après avoir quitté les socialistes, il mène, très concrètement, une politique de droite, et "en même temps",  il agite comme des chiffons rouges quelques symboles sociétaux supposés "de gauche".  La droite a droit à des politiques, la gauche à des symboles. 

Le quotidien conservateur "l'Opinion" nous apprend ainsi ce jeudi que le président de la République "commence à réfléchir à une commémoration de Mai-68". Sujet ultratabou : on sait combien "les événements" déchaînent les passions politiques et intellectuelles en France. Nicolas Sarkozy, en son temps, voulait "liquider l'héritage de Mai-68", responsable d'un "relativisme intellectuel et moral"...  S'il décide effectivement de commémorer la révolte de Mai-68 en la présentant sous un jour positif, Emmanuel Macron ne manquera pas d'enrager cette droite réactionnaire, et ce serait le but de l'opération. Mais sans que cela ne tire en rien sa politique vers la gauche. D'une main, Macron distribue 5 milliards d'euros aux plus riches, de l'autre il préparera le bol de cacahuètes et les lampions de la commémoration d'une révolution inaboutie.

Au détriment de l'histoire ?

Célébrer Mai-68 serait certes une bonne idée. Mais à condition de le faire sérieusement, et de ne pas achever de "kitschiser" les événements, comme s'emploient à le faire depuis des années 1980 les idéologues "anti-pensée 68".  Si Mai-68 a été un mouvement intellectuel d'émancipation (de la jeunesse, des femmes, des minorités...) avec des intonations parfois individualistes, on a trop vite oublié qu'il a aussi été un mouvement de fraternisation, de lutte ouvrière, de rejet d'une société capitaliste dévoyée, d'aspiration à l'autogestion. Pas vraiment la tasse de thé de l'actuel gouvernement, qui ne jure que par la réussite personnelle, l'autorité et la verticalité du pouvoir.

A quelle commémoration faut-il donc s'attendre ? Lorsqu'il était candidat, Emmanuel Macron a déjà évoqué le sujet. C'était dans une interview au "1" de juillet 2015. Il évoquait ses liens avec Paul Ricœur (son maître, qui était justement prof à Nanterre en 1968) où il expliquait qu'il y avait une "autre voie de 1968", rejetant celle des "structuralistes et des soixante-huitards" qui ne voulaient selon lui que "déconstruire l'autorité"...

Le risque, avec Emmanuel Macron, est donc qu'il attrape Mai-68 pour en gommer les aspérités et l'enrober de son propre sucre (la fameuse "autre voie de 1968"). Le tout au détriment de l'histoire et de ceux qui l'ont faite. Il est très doué pour retourner les mythes comme des gants : n'a-t-il pas titré son livre-programme "Révolution" ? 

Pascal Riché

Commémorer Mai-68 : le prix de consolation de Macron pour la gauche?...
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Ambition réelle du Président Macron pour la recherche scientifique publique? Une ambition nulle...

31 Octobre 2017 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education, #Recherche

Ambition réelle du Président Macron pour la recherche scientifique publique? Une ambition nulle...

EXTRAITS

Budget de la recherche 2018 : la vérité est dans le bleu

Zéro. Zéro création d’emplois stables dans les laboratoires de la recherche publique. Celle dont partent les ruptures du savoir qui préparent les ruptures technologiques et la compétitivité future du pays. Zéro création donc. Un symbole. Un chiffre rond, facile à retenir. Qui prête à l’ironie.

D’où sort ce chiffre, alors que la ministre de l’Enseignement supérieur annonce un budget en hausse de 501 millions pour la recherche publique ? Tout simplement du «bleu». Le bleu budgétaire, le document que ne vont lire que quelques députés, mais qui contient le vrai programme du gouvernement pour 2018. Et voici le tableau que l’on y trouve, dans l’annexe consacrée aux « opérateurs » de la recherche :

Récapitulatif des emplois des organismes de recherche prévus par le budget 2018.

L’ennui de ce triste tableau c’est qu’il incarne, dans la chair de la science qui est d’abord affaire de cerveaux, l’ambition réelle du Président de la République Emmanuel Macron pour la recherche scientifique publique. Une ambition nulle, donc, l’autre manière, moins polie, d’énoncer le zéro mathématique dans un langage plus politique.

(...)

Aucun poste créé ? Mais au moins la stabilité ? Même pas. Selon le document ministériel, le nombre d’emplois à temps plein sous plafond pour les « Universités et assimilés » était de 144 977 en 2017, il sera de 144 327 en 2018 ! En revanche, les emplois sous plafond pour les COMUE passent de 139 à 870. Ah, enfin des emplois de bureaucrates qui ne risquent pas de donner de mauvais cours à des étudiants.

Le budget 2018 annonce donc la couleur. Les laboratoires de la recherche publique devront compter sur les cerveaux disponibles. Quant aux étudiants des Universités, qu’ils ne rêvent pas de voir leur taux d’encadrement réel se rapprocher des Grandes Ecoles ou des classes préparatoires. En revanche, ils sont priés de ne plus rater leurs examens en licence.

Pour le volet crédits, des laboratoires et des Universités, une autre note les traitera.

Sylvestre Huet

Article complet à lire en cliquant ci-dessous

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Alain Finkielkraut reprend à son compte la théorie du "grand remplacement" de Renaud Camus...

31 Octobre 2017 , Rédigé par Les Inrocks Publié dans #Finkielkraut

EXTRAIT

S'il y avait encore un doute, l'intellectuel a largement franchi le Rubicon le 29 octobre dans l'émission d'Elisabeth Levy, en estimant que Renaud Camus dénonçait "à juste titre le remplacisme global".

Dimanche 29 octobre sur Radio RCJ, Alain Finkielkraut s'est fendu d'un plaidoyer enflammé pour défendre son ami, l'idéologue d'extrême droite Renaud Camus. Celui-ci est en effet poursuivi par l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) pour un tweet posté le 25 octobre, dans lequel il déclare : "Le génocide des juifs était sans doute plus criminel mais paraît tout de même un peu petit bras auprès du remplacisme global". Depuis des années, Renaud Camus proclame que l'Europe est menacée par le "grand remplacement", qui désigne une supposée substitution de la population française "de souche" par les immigrés extra-européens.

Alain Finkielkraut allait-il laisser son ami sombrer dans le marigot de ses allégations délirantes ? Que nenni. Interrogé par Elisabeth Levy, directrice de la rédaction de Causeur, dans "L'Esprit d'escalier", il ne lâche pas Renaud Camus (déjà condamné pour provocation à la haine contre les musulmans), même s'il doit pour ce faire réaliser quelques acrobaties rhétoriques. Tentons de retranscrire sa pensée complexe sans la trahir.

Le "'remplacisme global' dénoncé à juste titre par Renaud Camus"

Tout d'abord, Alain Finkielkraut invoque un double argument d'autorité (à ses yeux) pour confirmer la thèse du "grand remplacement", et remonte pour cela à la politique de regroupement familial mise en place en 1976. Selon lui, une "immigration de peuplement a ainsi succédé à une immigration de travail". Il comprend donc l'argumentaire de Renaud Camus car :

«Comme la écrit Elisabeth Badinter, sur la foi des témoignages terrifiants et édifiants collectés par Georges Bensousan dans Une France soumise : 'Une seconde société tente de s'imposer au sein de notre République, tournant le dos à celle-ci, visant explicitement le séparatisme, voire la sécession'. C'est un crève-cœur pour lui de savoir que tant de Français vivent à Saint-Denis, Sevran, La Courneuve, Tourcoing et même certains quartiers de Paris comme dans une terre étrangère.»

S'il y avait encore un doute sur le ralliement explicite de M. Finkielkraut à la thèse de M. Camus, il enfonce le clou en n'émettant qu'une légère réserve sur la comparaison avec le génocide des juifs :

«Quant au 'remplacisme global' dénoncé à juste titre par Renaud Camus, qui consiste à vouloir compenser par l'immigration la baisse de fécondité des pays d'Europe, il procède de l'universalisation de l'idée du semblable. C'est parce qu'aucune différence n'est insurmontable que n'importe qui, partout, peut faire l'affaire. On peut dire que la vision démocratique du monde a enfanté un monstre, mais que ce monstre n'est pas génocidaire. Car le génocide n'est pensable que par contestation de l'unité de l'espèce humaine.»

(...)

Mathieu Dejean

Suite et fin à lire en cliquant ci-dessous

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Revue de Presse Education... Les annonces - Les commentaires - Et ailleurs...

31 Octobre 2017 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Les annonces - Les commentaires - Et ailleurs...

Une revue monocentrée aujourd’hui sur la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur. Les annonces, quelques réactions et commentaires et un tour ailleurs. en tout cas, les grands YAKA et l’IFOKILS ont encore frappé !

Les annonces

Entrée à l’université : les propositions du gouvernement. On y trouvera les points à retenir.

Admission post-bac : le gouvernement mise sur l’orientation plutôt que la sélection. Le Point reprend la dépêche AFP.

Entrée à l’université : « Pour chaque licence, des attendus seront définis au niveau national pour 2018 ». "Le premier ministre et la ministre de l’enseignement supérieur présentent lundi matin le résultat de la concertation lancée en juillet."

Entrée à l’université : ce qui va changer à la rentrée 2018. "Avis du conseil de classe, vœux limités, prérequis pour chaque licence, et surtout fin de l’algorithme APB : le gouvernement présente lundi le résultat de la concertation lancée en juillet." Par Camille Stromboni, Nathalie Brafman

Entrée à l’université : deux profs principaux pour accompagner votre orientation en terminale. “ Deux professeurs principaux, des conseils de classe au rôle renforcé, deux "semaines de l’orientation"... La réforme de l’entrée à l’université engendre plusieurs changements au lycée, en particulier pour les élèves de terminale. l’Etudiant fait le point.”

Les commentaires

Une réforme à un milliard pour l’enseignement supérieur.

Les conseillers d’orientation, les oubliés de la réforme APB. “La réforme du premier cycle de l’Enseignement Supérieur qui sera présentée lundi consacre tout un volet à l’orientation des élèves. Mais que pensent les psychologues de l’Education nationale (anciens conseillers d’orientation) des changements annoncés ?

Entrées à l’Université : De Gaulle et Macron, bis repetita ? Par Claude Lelièvre sur son Blog : Histoire et politiques scolaires. “Les mesures gouvernementales envisagée seront dévoilées à tous ce lundi, mais sont passablement embrouillées selon la journaliste Christel Brigaudeau : « la copie que livre la ministre de l’Enseignement supérieur contourne l’obstacle en autorisant de manière ambigüe à la fois les facultés à sélectionner... et les jeunes à en forcer la porte » ( in « Le Parisien » de dimanche).”
Et en conclusion : “Rétrospectivement, le général de Gaulle attribue en dernière analyse son échec final dans le domaine de l’orientation et de la sélection au refus massif du corps enseignant : « Ayant moi-même élargi l’enseignement public, je tiens à y faire s’instaurer, depuis le bas jusqu’en haut, l’orientation et la sélection. Mais le fait est qu’à cet égard mes invites, voire mes prescriptions, trouveront chez les intéressés une résistance sourde et passive […]. Diriger d’office des élèves dans tel ou tel sens, fermer proprio motu des portes à certains d’entre eux, engager délibérément une part de l’avenir des uns et des autres, c’est là quelque chose de discordant par rapport à leur état d’esprit et à leurs habitudes […]. Il me sera une fois de plus démontré qu’aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution » ( « Mémoires d’espoir », Plon, 1972, page 267)

Enseignement supérieur : la réforme "ne réglera rien de plus", estime Michel Lussault. "INVITÉ RTL - Pour l’ancien président du Conseil Supérieur des Programmes Michel Lussault, le débat posé par la réforme de l’Enseignement supérieur ne réglera pas le réel problème que pose la sélection à l’université." A écouter.

Les contreparties de la fuite en avant vers toujours plus de diplômes par Bruno Magliulo. “deux points plus en détails. 1. Le problème du financement de l’enseignement supérieur en France
2. La remise en cause du "modèle méritocratique"

Et ailleurs

Entrée à la fac : la France reste une exception mondiale. “Mais comment font nos voisins ? Et quel impact sur les résultats de l’enseignement supérieur ?” par Gurvan Le Guelle pour le Nouvel Observateur.

Quels sont les critères pour accéder à l’université en Europe ?Notes au bac, épreuves, lettres de motivation et activités extrascolaires font partie des modes de sélection dans les universités européennes, alors que le gouvernement français vient d’annoncer une grande réforme de l’entrée à la fac.” Par Séverin Graveleau pour Le Monde.

Bernard Desclaux

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Admission post bac - Quand Europe 1 met le doigt où ça fait mal (Vidéo)

30 Octobre 2017 , Rédigé par Europe1 Publié dans #Education, #Admission Post Bac

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Admission post-bac... Quel mépris pour les psychologues de l'Education Nationale!...

30 Octobre 2017 , Rédigé par Europe1 - JDD Publié dans #Education, #Orientation

Admission post-bac... Quel mépris pour les psychologues de l'Education Nationale!...

Les conseillers d’orientation, les oubliés de la réforme APB

La réforme du premier cycle de l’Enseignement Supérieur présentée lundi consacre tout un volet à l’orientation des élèves. Mais que pensent les psychologues de l’Education nationale (anciens conseillers d’orientation) des changements annoncés?

C’est un sentiment de colère qui les anime. L’orientation a beau être l’un des grands axes de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur qui sera présenté lundi, on ne les a pas entendus. Ils ne sont même pas cités dans le rapport final des onze groupes d’expert mis en place par la ministre. Les psychologues de l’éducation nationale  - les anciens conseillers d’orientation - ont pourtant des choses à dire. "Nous sommes inquiets, réagit Christine Jarrige, membre du Snes, leur syndicat majoritaire, qui participait au groupe de travail consacré à l’orientation. Le projet qui nous est présenté dans le rapport final entretient l’illusion que l’information et le numérique vont résoudre tous les problèmes d’orientation".

La procédure Admission Post Bac recensait près de 12.000 formations

Bien sûr, il faut que les élèves aient tous les renseignements nécessaires pour construire leur projet, mais cela ne suffit pas : "Dans les années 1980 aussi, on pensait qu’en travaillant régulièrement sur l’information, les métiers, les élèves allaient trouver leur voie. Mais un certain nombre de travaux ont montré que cela amenait aussi certains d’entre eux, en particulier dans les milieux populaires, à renoncer à des projets ambitieux."

Dorénavant, le Conseil de classe devrait donner son avis sur le projet d’orientation de l’élève? La syndicaliste n’y est pas hostile: "Il le fait déjà pour les dossiers de BTS ou de classes prépa". Mais attention à ne pas lui accorder trop de poids : "Le conseil de classe peut apporter un éclairage mais son avis ne doit pas être déterminant. Cela supposerait que ses membres connaissent bien toutes les formations et leurs attendus ; ce qui paraît compliqué!" D’autant qu’avec l’autonomie des universités, chaque établissement propose aujourd’hui des licences avec des tonalités propres : "C’est peu lisible pour le grand public". Pour mémoire, la procédure Admission Post Bac recensait près de 12.000 formations!

1 conseiller d'orientation pour 1.500 élèves

"Il faut se mettre à jour en permanence, assurer une veille, suivre des conférences sur les dernières évolutions... C’est notre métier", reprend Christine Jarrige. On imagine mal un professeur principal pouvoir y consacrer beaucoup de temps. Le syndicat demande donc une hausse du nombre de psychologues de l’éducation nationale. Objectif: "arriver à en avoir un pour 800 élèves". Actuellement, la moyenne tourne plutôt autour de 1 pour 1.500 élèves, voire un pour 1.800 dans certaines académies.

Il faut aussi donner une chance aux élèves. Car tout n’est pas joué avant le bac : "On ne peut pas toujours préjuger ce qui va se passer dans le supérieur, assure Christine Jarrige. Certains élèves ont un profil moyen au lycée, mais se révèlent dans le supérieur, quand ils ont trouvé la filière qui leur convenait". Et ceux qui n’ont pas le niveau pour réussir dans la filière de leur rêve? "Si l’accompagnement pédagogique et les passerelles promis par le gouvernement sont mis en place, c’est bien. Mais je crains que le budget des universités ne soit pas extensible, et que ces dispositifs soient très fragiles." Et elle prévient: "On va se mobiliser..."

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