A ma mère...
3 Juin 2023 , Rédigé par christophe Publié dans #Education
Ma mère…
(À lire en écoutant les 12 fantaisies pour violon seul de Telemann. Exclusivement par Arthur Grumiaux)
Je ne sais pas parler d’elle. Ou plus exactement, je ne peux rien écrire car très vite mon regard se noie…
Se noie des larmes arrachées par les beaux souvenirs qu’elle m’a offerts, fabriqués, construits…
De l’Algérie natale, je n’ai conservé que quelques photos en noir et blanc. Je marche vers elle, mon père vient de me lâcher pour mes premiers pas. Mon Algérie est encore en guerre. Nous sommes en 1960 ou 61. Bientôt mon père décidera de mettre épouse et enfant à l’abri, au Maroc, des « événements ». Manière habilement politique de ne jamais parler de guerre. Ce fut pourtant bien une guerre.
Ma mère, accueillait tous les enfants des villages alentour. Français et arabes. Cela lui fut reproché par les colons « pieds-noirs ». Elle soignait ceux parfois atteints de teigne et de gale. Sans distinction. Jamais !
Mes parents, ma mère, c’était ça. La bonté, le partage, la solidarité.
Le dimanche, un rituel. Qui n’était pas la messe. Elle me prenait par la main et m’emmenait acheter un « palmier ». Ce biscuit saupoudré de sucre. Nous revenions par la promenade devant la mer, à El Jadida. Puis remontions, en passant devant le cinéma Marhaba et ses grandes affiches annonçant les films proposés et à venir, vers la rue Guynemer. Je prenais le temps de ne terminer ma gourmandise qu’une fois arrivé à la maison. Le plaisir est quelque chose qu’il faut savoir faire durer. Sinon, à quoi bon…
"Ca va mon fils ? Pourquoi es-tu si long à terminer un si petit gâteau ?"
Parce que je n’aime pas les fins maman… Parce que je n’aime pas les fins…
Plus tard, lorsque mon père aura décidé de vivre une autre vie avec une autre femme, j’accompagnerai ma mère dans d’autres promenades. Sans « palmier ». C’est moi qui tiendrai sa main pour l’empêcher de précipiter sa vie du haut d’une falaise. Mais cela m’appartient…
Elle s’est éteinte discrètement. Sans plainte malgré la maladie. Les derniers jours, elle m’appelait « Monsieur ». Sa mémoire était allée rejoindre ses souvenirs et mon père parti quelques mois avant, le jour d’une rentrée scolaire, ces rentrées qui depuis sont restées pour moi tout à la fois d’immenses bonheurs et le chagrin toujours présent d’un père absent.
Ma mère aimait le soleil, le vent, la plage, les enfants et les amis à la maison…
Christophe Chartreux
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