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Vivement l'Ecole!

Chloé Morin : "On est dans le culte du buzz et de la petite phrase, on n'a plus le temps des arguments"

20 Février 2023 , Rédigé par France Inter Publié dans #Medias, #Politique

On aura tout essayé..., Chloé Morin | Fayard

Chloé Morin, politologue, auteure de "On aura tout essayé" (Fayard), est l'invitée de 7h50. Elle y pose la question de la dégradation du débat public.

Avec

Chloé Morin Associée à la Fondation Jean-Jaurès et spécialiste de l'opinion publique, ancienne conseillère en charge de l'opinion publique au sein du cabinet du Premier ministre de 2012 à 2016.

Dans "On aura tout essayé", Chloé Morin se demande pourquoi, aujourd'hui, la France est si difficile à gouverner, et pourquoi tout tourne au psychodrame dans notre pays. "On a essayé la droite avec Nicolas Sarkozy, on a essayé la gauche avec François Hollande, on a essayé le "ni droite ni gauche" avec Emmanuel Macron, et on est toujours déçu, on a l'impression que la politique ne change rien. Pire, on a le sentiment d'un déclassement terrible. La question, c'est donc : est-ce qu'on a tout essayé, et est-ce qu'il reste à essayer, ce n'est pas le Rassemblement national ?" pose Chloé Morin dans son livre, qui se base sur une série d'entretiens avec des personnalités politiques.

Parmi ces personnalités, Marine Le Pen, qui a posé ce récit de manière assez "inéluctable, qu'il est difficile de démonter, c'est pour cela que je suis allée voir des dirigeants pour leur demander pourquoi on en est dans cette situation, pourquoi on a besoin de réformer sans jamais y arriver". Et selon ses interlocuteurs, ce qu'il manque aujourd'hui, c'est le temps : "On est dans le culte du buzz et de la petite phrase, on n'a plus le temps de poser des arguments". En ligne de mire notamment, la lutte contre le réchauffement climatique : "On sait qu'il nous reste quelques mois, quelques années à peine, pour arriver à éviter le pire. C'est précisément à ce moment-là que les responsables politiques bloquent le système".

La réforme des retraites, "c'était mission impossible"

Dans le cas de la réforme des retraites, qu'est-ce qui a été raté ? "C'était mission impossible", selon Chloé Morin, qui rappelle qu'à l'origine, "les conditions d'élection d'Emmanuel Macron posent problème : les institutions, aujourd'hui, ne donnent plus assez de force politique au président élu pour mener des réformes au-delà de six mois". L'abstention est en partie la cause de cela, "puisque tous ceux qui n'ont pas voté auraient peut-être voté quelque chose d'autre", mais par ailleurs, tous les responsables politiques affirment que "les institutions politiques ne sont plus adaptées", et conduisent souvent à l'élection d'un président qui n'a plus beaucoup de puissance.

Les deux dernières semaines "donnent une image désastreuse de la vie politique, les Français ont raison de se dire que leurs responsables politiques, dans le moment, ne sont pas au niveau". D'après Chloé Morin, c'est d'autant plus appuyé par les chaînes d'info en continu, et les réseaux sociaux : "L'hystérie envahit tout : dès qu'il y a un esclandre, on ne parle plus que ça et on oublie les débats de fond".

"Tentation de la violence"

L'autre chose qui a changé, c'est que le temps des "poids lourds" de la politique est passé. "Or, c*'est précisément maintenant qu'on a besoin de leaders qui nous donnent à voir ce que sera la société de demain*", selon la politologue. "Dans ce moment-là, il faut rappeler que l'engagement politique est nécessaire et faire en sorte qu'il soit moins compliqué", dit-elle, estimant notamment que la transparence sur la vie privée est excessive.

Comment expliquer, par ailleurs, que Philippe Martinez s'en prenne à Jean-Luc Mélenchon et à la France Insoumise ? "Déjà, quand je l'ai rencontré, il m'a dit qu'ils s'attachaient trop à la communication, qu'ils n'étaient pas assez sur le fond, qu'ils ne travaillent pas assez, et que ce n'est pas parce qu'on a été syndicaliste lycéen qu'on connaît le monde du travail". Et ce qui fait peur aux leaders syndicaux, c'est "la tentation de la violence" : "C'est quand on commence à être violent que le gouvernement cède, et quand on manifeste entre Bastille et Nation, il ne se passe rien. Cette tentation de la violence, ils y résistent bien et il faut les saluer pour ça".

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