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Vivement l'Ecole!

Abstention, extrême droite... Qu'avons-nous raté ?

29 Novembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique, #Jeunesse

Abstention, extrême droite... Qu'avons-nous raté ?

Deux chiffres retiennent depuis quelques années mon attention et avivent mes angoisses, provoquent un questionnement. Le chiffre de l'abstention de plus en plus important à chaque échéance électorale avec parmi ces abstentionnistes un nombre très conséquent de jeunes. Et un autre annonçant régulièrement que Marine Le Pen ferait le plein des voix chez les 18-22 ans.

Il est indéniable qu'une partie importante de la jeunesse de ce pays est "au mieux" complètement démotivée, au pire attirée par les extrêmes, notamment l'extrême droite.

Comment cette génération de 18-22 ans, et en élargissant à 18-30 ans pour les abstentionnistes, COMMENT ces jeunes passés par l'Ecole, passés devant des professeurs véhiculant d'autres valeurs que celles déversées par le Rassemblement National, peuvent-ils aujourd'hui tendre une oreille attentive à un discours de haine ?

En clair, qu'avons-nous raté ?

Les gouvernants et Ministres qui ont occupé le bureau de la Rue de Grenelle n'ont, dans leur quasi-totalité, pas compris qu'un ascenseur social en panne, et qu'on ne fait rien pour réparer, qu'on rafistole, offre à ceux qui en sont prisonniers des occasions multiples de TOUT tenter pour échapper au piège. Dans ce "TOUT", il y a les extrêmes populistes prompts à récupérer les égarés, les oubliés, les ghettoïsés, les délaissés. Tous ceux qui à défaut de se glisser dans le moule préfabriqué -mais pas pour eux- de la "machine-école" iront se vautrer innocemment dans la démagogie du Rassemblement National ou resteront au fond de leur lit les jours d'élection.

Les locataires de la Rue de Grenelle, et je le dis sans esprit de provocation, nos syndicats aussi parfois, ont laissé l'Ecole au milieu d'un gué balayé, submergé par les "valeurs" marchandes. N'avez-vous jamais été choqué de constater que le premier reportage des télévisions françaises présentant la rentrée scolaire soit tourné dans une grande surface ? Le premier geste de la rentrée scolaire est devenu d'abord un geste d'achat, concession faite -une de plus- à la société de consommation, de mauvaise consommation, de gaspillage dans la plupart des cas. Jamais je n'ai entendu un Ministre ou un responsable syndical pester contre ces habitudes.

L'Ecole a cédé. Oh j'entends bien sûr d'ici les déclinologues entonner leurs antiennes. Je ne vais pas ici les énumérer. On ne les connait que trop et elles se trompent souvent de cibles, toujours de méthodes. L'Ecole a cédé, non pas aux pédagogues (bien au contraire hélas !), non pas à un quelconque oubli de l'apprentissage des valeurs républicaines, non pas non plus à un "modernisme" qui l'obligerait à regretter l'encre, les pleins et déliés ou la blouse grise. Non.

L'Ecole a fait le choix de l'immobilisme plutôt que celui la résistance active qu'il aurait fallu opposer -que certains opposent contre vents et marées- au diktat des évaluations à outrance, au diktat de l'empilement de réformettes indigestes, mal choisies, mal mises en place. Au diktat de la vitesse et du "trop plein", car il faut toujours en faire plus, plus vite et avec moins. Toujours remplir nos jeunes cervelles. Du moins remplir celles qui acceptent les grandes quantités... Au diktat de la lâcheté alors que la vérité obligeait à reconnaître que nos programmes scolaires sont à refonder, à relier. Au diktat d'une pensée unique consistant à nous arc-bouter sur l'illusion que notre Ecole française serait la meilleure du monde. Au diktat des tenants d'un système transformant la nécessaire SELECTION en une sélection sociale depuis la maternelle jusqu'à l'Université. Le regretté Richard Descoings aurait pu témoigner encore des difficultés qu'il éprouva à faire admettre au Conseil d'Administration de Sciences-Po qu'ouvrir la prestigieuse maison de la rue Saint Guillaume aux élèves de ZEP fut un chemin de Croix. En France l'élitisme est une vertu. Hélas on n'en regarde que ceux qui en bénéficient. Plus rarement ceux qui échouent, qui échouent très tôt, qui échouent dès la maternelle puis toute leur vie. Dès le plus jeune âge en France, certains sont en échec dès l'aube de leur "métier d'élève". Les futurs désespérés sont très bien "formés" en France...

Et ce sont ces cohortes d'abandonnés d'un système qui ne veut pas se réformer ou se réforme mal qui iront demain glisser dans l'urne un bulletin RN. Oh pas par amour immodéré des thèses du parti de Marine Le Pen. Mais plutôt par dépit. Par dégoût. Par fatalisme. Pour dire qu'il ne leur reste que ça. Pour se "venger" peut-être. Et tous ceux aussi qui n'iront pas voter du tout, écœurés, découragés...

Jusqu'à quand allons-nous "rater" nos élèves ?... Après la catastrophe, il sera trop tard pour nous.

Mais plus encore pour eux !

Christophe Chartreux

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