Rentrée et partiels à l’université : malgré la déferlante omicron, les étudiants toujours dans le vague
Alors que de nombreux étudiants sont positifs au coronavirus ou cas contact, plusieurs facultés ont annoncé organiser des sessions de substitution. Mais à quelques jours des examens, beaucoup ignorent la mise en place de ces solutions.
A quatre jours de la rentrée universitaire, les partiels sont bien maintenus en présentiel, a confirmé Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, mercredi matin sur France info. Les cours reprendront également dans la continuité du premier semestre, pour la plupart en personne, après une année hybride au mieux, à distance au pire. Pourtant, la situation sanitaire nationale empire partout pendant ces fêtes de fin d’année. En pleine cinquième vague de la pandémie de coronavirus, la France a atteint mardi les 208 000 nouveaux cas positifs en 24 heures, un record. Lundi, le Premier ministre, Jean Castex, annonçait de nouvelles mesures restrictives, tandis que Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, précisait mardi avec difficulté le protocole de retour à l’école.
Haut taux de vaccination
Dans le supérieur, les reports d’examens ne seront étudiés qu’au cas par cas, alors qu’une soixantaine de clusters de 4 à 30 étudiants ont été répertoriés depuis septembre. La ministre souligne le haut taux de vaccination de cette tranche d’âge, plus de 92%, dont 30% de triple vaccinés. Les absents aux épreuves, positifs au coronavirus ou cas contact, pourront être notés lors de sessions de substitution. «Les étudiants ne seront pas envoyés au rattrapage» de juin, et le contrôle continu sera maintenu. «Les établissements ont tout mis en place pour que tout se passe le mieux possible», a assuré Frédérique Vidal.
Les étudiants le savent-ils ? Le sujet inquiète notamment ceux en troisième année de licence, qui soumettent leur dossier d’entrée en master bien avant les rattrapages de fin de l’année. Paul Mayaux, président du syndicat étudiant la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), qui compte 300 000 adhérents, souligne ainsi que plusieurs universités n’ont pas communiqué sur l’organisation de sessions de substitution. «Et, sans aucune information, la plupart des étudiants pensent qu’ils vont automatiquement basculer en rattrapage», confirme Mélanie Luce, présidente du syndicat Unef (Union nationale des étudiants de France).
«Pas d’inquiétude à aller à l’université»
Les présidents d’universités contactées par Libération maintiennent le protocole de rentrée arrêté avant les vacances, en amont de la nouvelle vague et de la prise de parole de la ministre. «Si on peut mettre 2 000 personnes dans une salle de spectacle pendant trois heures, je ne vois pas d’inquiétude [à l’idée] d’aller à l’université», estime Hugues Kenfack, président de l’université Toulouse 1-Capitole et professeur de droit. L’autonomie de chaque structure est selon lui appréciable : «Dans mon cas, une université de centre-ville, nous avons quelques grands amphis, mais beaucoup de petites salles. On a donc juste revu les emplois du temps pour que le nombre maximum d’étudiants sur site au même moment soit réduit.»
L’université Rennes-1, où une partie des 30 000 étudiants débuteront leurs partiels le 9 janvier, a déjà prévu son calendrier : «Dans chaque faculté, UFR et institut, un conseil où des étudiants votent ont arrêté les dates des épreuves de substitution, qui sont distinctes des épreuves de rattrapage», retrace son président, David Alis, professeur de sciences de gestion.
Même constat à l’université de Strasbourg, où la majorité des épreuves de partiels ont lieu à partir de lundi. «Seule variable manquante, le nombre d’étudiants qui seront concernés par le coronavirus», s’interroge son président, Michel Deneken, professeur de théologie. Mais rien de déstabilisant pour son administration. «Chaque année, sur 60 000 étudiants répartis dans nos 35 facultés, plusieurs centaines ne peuvent pas être présents aux examens, pour des raisons de santé ou familiale. Ils se présentent aux épreuves de substitution.»
«Question de morale civique»
En France, certains étudiants isolés ont déclaré publiquement qu’ils se présenteraient aux épreuves, même s’ils sont positifs, de peur d’être calés sur les épreuves de rattrapage. «C’est une question de conscience, de morale civique», fustige Michel Deneken. Cette perspective inquiète Paul (1), 20 ans, étudiant en sociologie à Aix-en-Provence qui attaque deux semaines de partiels lundi et craint d’être contaminé. «Je ne comprends pas. L’année dernière, on passait les partiels en distanciel pour moins que ça.» Paul a déjà perdu un proche du coronavirus, il est lui-même à risque, tout comme plusieurs personnes dans son entourage.
Mathias, 23 ans, étudiante en master 2 à Lyon, craint de contaminer un parent vulnérable. «Côté master, on a de la chance, on n’est d’une vingtaine en classe. Mais nos salles ne sont pas aérées, les profs enlèvent parfois leurs masques et c’est difficile de leur faire remarquer.» Elle compte s’acheter des masques FFP2, plus efficaces que les masques chirurgicaux. «Mais je ne sais pas si je peux me le permettre financièrement», redoute-t-elle. A Lyon-1, pour éviter du stress supplémentaire, la direction a décidé de fournir un masque FFP2 pour les examens en présentiel, «en espérant les recevoir à temps». Dommage, Mathias étudie à Lyon-2.
Miren Garaicoechea
(1) Le prénom a été modifié.