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Vivement l'Ecole!

« Le dédoublement des CP et CE1 repose sur une logique chiffrée dont l’efficacité reste encore à démontrer »

29 Novembre 2021 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

Le dédoublement des CP et CE1 repose sur une logique chiffrée dont  l'efficacité reste encore à démontrer » | MondialNews

EXTRAITS

Yannick Trigance, conseiller régional d’Ile-de-France et secrétaire national chargé de l’éducation au sein du PS, estime, dans une tribune au « Monde », que le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer se satisfait un peu trop vite des mesures prises dans les écoles primaires des réseaux prioritaires.

Parmi les nombreuses mesures mises en avant par le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer à l’issue de son « quinquennat éducatif » rue de Grenelle, le dédoublement des classes de CP et de CE1 fait incontestablement figure d’étendard. Ne déclarait-il pas tout récemment encore au Sénat et en toute modestie qu’en matière de dédoublement, « nous avons atteint un “Graal éducatif” dans certains territoires » ?

A la rentrée 2019, l’ensemble des CP et des CE1 en réseau éducatif prioritaire (REP) et REP+ [là où se concentrent les plus grandes difficultés sociales] étaient dédoublés, auxquels s’ajoutent progressivement les classes de grande section de maternelle. Au-delà des effets de communication, cette mesure n’en cache pas moins une réalité qui devrait sérieusement tempérer l’enthousiasme ministériel.

Les conséquences sur les effectifs dans les autres classes sont dissimulées par un discours ministériel qui s’apparente à de la propagande. Malgré ce qui est affirmé dans une note de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP, qui dépend du ministère de l’éducation) – « les dédoublements (…) n’ont pas été mis en œuvre au détriment des autres niveaux. Ils n’ont pas non plus été réalisés aux dépens des écoles rurales, où le nombre d’élèves par classe diminue également » –, les observations des inspecteurs territoriaux comme généraux ont témoigné de l’existence de CM1 ou de CM2 anormalement chargés en éducation prioritaire.

(...)

Les classes des autres niveaux ne bénéficient plus aujourd’hui du dispositif « plus de maîtres que de classes » permettant, en fonction des besoins de l’école tout entière, d’être à deux dans une classe pour mettre en œuvre des pratiques de pédagogie différenciée, donner la possibilité à des élèves de travailler en petit groupe sous la conduite d’un maître expert.

Ce dispositif a été supprimé de façon arbitraire, sans évaluation préalable, au seul profit des classes de CP et CE1 dédoublées. Mis en place sous le quinquennat précédent, il avait occasionné dans tous les départements et toutes les circonscriptions un fort engagement des différents acteurs de la formation et ce faisant, avait été à l’origine d’une réelle professionnalisation des enseignants sur la question de la différenciation pédagogique et sur les pratiques favorisant une meilleure prise en charge des élèves à besoins particuliers.

(...)

... ce dispositif (Les dédoublements CP/CE1 - Note du webmaster) a été mis en œuvre dans la précipitation sans que le terrain ait pu se préparer : il n’y a pas eu de formation la première année, ce qui a généré avec raison un grand sentiment d’impréparation et de gâchis. Il doit être pris en charge par les professeurs les plus compétents. Mais, nous le savons, ce vivier est insuffisant du fait des difficultés de recrutement et tout particulièrement dans les académies où le poids de l’éducation prioritaire est important (Créteil, Lille, Versailles, Amiens), ce qui a conduit à mettre dans ces classes dédoublées des enseignants débutants ou que l’on savait fragiles.

Dispositif particulièrement coûteux qui n’a pu voir le jour qu’en supprimant des milliers de postes dans les collèges et les lycées – près de 8 000 postes depuis 2017, soit l’équivalent de 166 collèges ! –, coûteux également pour les collectivités qui ont dû aménager des locaux, ce dédoublement des CP et CE1 repose avant tout sur une logique chiffrée dont l’efficacité reste encore très largement à démontrer.

A vouloir justifier le nouveau monde en abattant l’ancien, le ministre Blanquer aura placé son quinquennat éducatif sous le sceau du quantitatif et de l’affichage au détriment du qualitatif et de l’efficience.

Yannick Trigance est conseiller régional d’Ile-de-France et secrétaire national chargé de l’éducation au sein du Parti socialiste

Article complet à lire en cliquant ci-dessous

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