" Est il normal de se dire à 16 ans qu'on n'a pas de futur ? "
Dans «Animal», le réalisateur écolo court le monde avec deux jeunes militants climat. Objectif de ce voyage initiatique : revoir les bases de notre société, en mettant le bien-être des humains et des êtres vivants, la santé et le lien social devant la croissance économique et la productivité.
Certes, le titre est Animal, et l’affiche montre une savane verdoyante et des éléphants. Mais le nouveau film du réalisateur et militant écolo Cyril Dion, en salles le 1er décembre, n’est pas un documentaire animalier. C’est plutôt le carnet de voyage de Bella et Vipulan, deux ados de la génération climat (elle, britannique, lui, français), partis à la rencontre de militants et d’intellectuels du monde entier.
En participant à des campagnes de ramassage de plastique sur les plages de l’Inde, en parlant avec un éleveur français de lapins qui produit de la viande en masse pour 350 euros par mois, en observant la reconstitution de la forêt du Costa Rica, les deux militants apprennent à connaître le «système» dans lequel nous vivons, qui contribue à l’aggravation des changements climatiques et à l’appauvrissement de la diversité.
Plus qu’une quête de solutions – c’était l’objet de Demain, documentaire à succès de Cyril Dion – le film appelle à changer de vision du monde : pour démarrer ce nouveau «récit», les humains doivent repenser leurs liens avec les autres êtres vivants, girafes, loups, baleines et autres bourdons qui croisent la route des deux héros.
Quel est le sens de ce voyage initiatique ?
Ce qui m’a beaucoup frappé chez Bella et Vipulan comme chez beaucoup de jeunes, c’est qu’ils ont une gravité qui n’est pas de leur âge. On a voulu partir de là : «Est-il normal à 16 ans de se dire qu’on n’a pas de futur ?» Par ailleurs, ce que demandent les jeunes au personnel politique durant les «grèves climat», c’est de prendre des mesures… mais sans toujours remettre en question notre récit collectif global. Comme le dit l’astrophysicien Hubert Reeves, la crise écologique est comme un train qui fonce à 300 km/h sur une montagne. On ne veut pas ralentir, on veut changer de train. Le film essaie de voir comment faire. Nous avons commencé par nous dire qu’il fallait agir plutôt que simplement parler.
En Inde, Bella et Vipulan ont aidé des activistes à ramasser les tonnes de déchets plastiques que la mer dépose sans cesse sur les plages. Mais ils se sont vite rendu compte qu’on pourrait ramasser sans fin. Pour couper le robinet du plastique, ou lutter contre la pêche industrielle, il faut changer la loi. Cela les conduit au Parlement européen, où ils voient que dans notre système démocratique actuel, les décisions politiques sont largement influencées par les intérêts privés. Ils prennent aussi conscience qu’ils sont aux prises avec un récit global organisé autour de l’idée de croissance économique.
Or, comme le leur explique l’économiste Eloi Laurent, la croissance du PIB aux Etats-Unis n’empêche pas les écosystèmes de se dégrader ou l’espérance de vie de baisser… D’où un basculement : et si le but des sociétés était plutôt de perpétuer la vie, celle des humains mais aussi des non-humains ? La seconde partie de leur voyage les conduit à ce changement de positionnement philosophique.
(...)
Thibaut Sardier
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