Covid-19 : en Ile-de-France, l’éducation nationale se prépare à une explosion du nombre de classes fermées
EXTRAITS
Le nouveau protocole sanitaire prévoit la fermeture d’une classe dès qu’un seul cas positif au Covid-19 est confirmé. Sur le terrain, on déplore une mesure trop tardive, qui complique grandement la vie des établissements.
« C’est mécanique », disent les enseignants. Le tour de vis donné au protocole sanitaire, qui impose, depuis lundi 29 mars dans les dix-neuf départements reconfinés, la fermeture d’une classe dès qu’un cas positif au Covid-19 y est détecté, ne peut qu’augmenter le nombre de fermetures. En Ile-de-France, elles ont déjà flambé : 160 classes ont été recensées comme fermées à Paris lors du dernier bilan hebdomadaire, communiqué vendredi 26 mars, 315 dans l’académie de Versailles et 536 dans celle de Créteil.
Pour disposer de nouveaux chiffres, il faudra « sans doute » attendre jusqu’à mercredi et le conseil de défense convoqué par le chef de l’Etat à cette échéance, souffle-t-on dans les rectorats. Mais de Paris à la Seine-Saint-Denis, en passant par le Val-de-Marne, les syndicats d’enseignants ne sont guère optimistes.
Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir déposé une « alerte sociale ». « A ce stade, il y a peu d’écoles, sur les 608 que compte le département, où il n’y a pas de cas Covid », rapporte Clément Peyrottes, porte-parole du SE-UNSA pour le Val-de-Marne. « Sur la journée de lundi, on a déjà 113 classes fermées, sans avoir eu toutes les remontées. Si on ferme une classe pour chaque cas, vous pouvez compter plus de 600 classes fermées d’ici à mercredi. »
Le même raisonnement tient ailleurs en Ile-de-France, en particulier en Seine-Saint-Denis, département durement touché par l’épidémie. Là, des équipes ont déjà exercé leur droit de retrait, constatant que la nouvelle règle « un cas, une fermeture » ne répond pas à pas toutes leurs difficultés. Dans certains établissements, on parle de se mettre en grève – même si les syndicats ne relèvent, à ce stade, pas de « mouvement massif ».
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« Au rythme où l’on va, les écoles finiront par se vider d’elles-mêmes, ne serait-ce que parce que les remplaçants ne sont pas suffisants », fait valoir Hervé Lalle. Ce directeur d’une école maternelle n’accueille plus, depuis le 24 mars, que trois classes sur cinq : une petite et une moyenne sections ont fermé après qu’un enfant dépisté positif au Covid-19 y a été déclaré dans chacune.
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Dans le premier degré, la nouvelle règle « un cas, une fermeture » semble à peu près claire. « Mais en collège, on a des groupes de langues où les élèves sont mélangés, prévient une enseignante d’Aubervilliers. La moitié de mon groupe peut être évincée et pas l’autre, ça n’a aucun sens ! » La réforme du lycée, qui a bouleversé la composition des classes, complexifie aussi la donne. « La notion de classe n’a plus guère de sens, explique Redouane Mhamdi, porte-parole des proviseurs du SNPDEN-UNSA. Les élèves sont mélangés en spécialité, en langues, en EPS… »
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Mattea Battaglia et Violaine Morin