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Vivement l'Ecole!

La start-up nation commence désormais en maternelle...

17 Décembre 2020 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Maternelle

La start-up nation commence désormais en maternelle...

EXTRAIT

Jeudi 10 décembre, mes collègues et moi étions très occupées à rattraper chez quelques jeunes élèves les effets d’une déscolarisation prolongée, lorsque nous avons eu connaissance d’une note émanant du CSP. Laquelle note formule des propositions pour une modification des programmes de maternelle.

Un changement de programme. Il ne manquait plus que cela pour achever une année qui nous a vu construire à marche forcée un enseignement à distance, puis un enseignement hybride au printemps, puis une grande reprise en main éducative au mois de septembre avec des enfants qui ont passé six mois loin de l’école. Nous commençons tout juste à pouvoir construire de nouveaux apprentissages, à trouver une organisation avec un protocole sanitaire qui semble enfin s’être stabilisé… Nous voilà sommées de nous projeter dans une nouvelle logique pédagogique. Je l’avoue, j’étais passablement irritée lorsque j’ai commencé la lecture des cinquante pages de la Note d’analyse et de propositions sur le programme d’enseignement de l’école maternelle (ça ne s’est pas amélioré par la suite).

Dans sa forme et son ton, le texte est un peu décousu. Après une introduction sur les « enjeux de la maternelle  » et un paragraphe sur le jeu, on trouve trois chapitres : un sur le langage, un sur les nombres, et un dernier sur les sciences.

UNE IMAGE NÉGATIVE DES ENSEIGNANTS ET DES ÉLÈVES

La première moitié du document adopte un ton plutôt blessant pour les enseignants, les élèves et les familles. Grâce à « l’instruction obligatoire à partir de 3 ans », l’école maternelle devient une « école à part entière », « une école de l’exigence et de l’ambition ». Je découvre qu’en travaillant en maternelle depuis douze ans, jusqu’ici, je n’étais pas enseignante « à part entière  ». Plus loin, on demande aux enseignants de « renoncer à parler bébé  », ils apprécieront. On est dans la veine de la communication du ministère depuis la nomination de Jean-Michel Blanquer : nier l’expertise de l’enseignant, le traiter comme un exécutant.

Les élèves, eux, sont regardés sous l’angle de leurs déficits et non de leurs potentiels : « Nombre d’entre eux arrivent à l’école à l’âge de 3 ans en parlant un français très éloigné de celui qu’ils vont apprendre à lire et à écrire. Il s’agit d’abord d’une pauvreté de vocabulaire et de sa compréhension approximative ou erronée. »

À ce stade, il faut rassurer les familles : l’immense majorité des enfants de 3 ans possède toutes les capacités pour acquérir ces compétences au cours des années suivantes. En effet, si l’on prend les résultats de l’évaluation nationale de début de CP de 2019 fournis par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance ), 85,8 % des élèves réussissent l’épreuve « comprendre des textes à l’oral », 84% réussissent à l’épreuve « comprendre des phrases à l’oral » [1].

Les passages consacrés aux nombres et aux sciences ont un ton plus consensuel. Ils correspondent davantage à ce que j’attends d’un programme : décrire les processus d’apprentissage, proposer des démarches d’enseignement que l’on juge plus efficaces ou plus appropriées, mettre en garde contre des oublis ou des pratiques sources de malentendus chez l’élève, et enfin fixer des objectifs d’apprentissage.

Voilà pour la forme, et sur le fond, que dit-elle, cette note ?

(...)

Maëliss Rousseau

Suite et fin en cliquant ci-dessous

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