LREM se déchire autour du tweet anti-musulmans d'une journaliste du «Figaro»....
Les députés de la majorité ont passé leur dimanche à s'écharper au sujet du tweet associant une étudiante voilée aux terroristes du 11 Septembre. Tweet qui a valu au moins une menace de mort à son autrice.
Chaude ambiance dimanche sur la boucle Telegram des députés LREM. Les élus de la majorité n’avaient visiblement pas la même appréciation du tweet anti-musulmans d’une journaliste du Figaro, Judith Waintraub. Vendredi (11 septembre), cette dernière a assimilé Imane Boun, une jeune femme qui donnait des conseils pour bien cuisiner pas cher lorsqu’on est étudiant dans une vidéo pour BFM TV, aux terroristes du 11 septembre 2001 au motif qu’elle porte le voile. Un amalgame sorti de nulle part et qui, dans un premier temps, a attiré à la journaliste de nombreuses critiques, y compris de la part de la ministre déléguée à la Ville, Nadia Hai. Plusieurs députés de la majorité ont également critiqué ce tweet, comme Fiona Lazaar et Eric Bothorel.
Mais samedi, un compte anonyme a menacé de mort la journaliste et tout s’est inversé. Gérald Darmanin a immédiatement apporté son soutien à la journaliste, sans un mot pour Imane Boun, imité par d’autres politiques, du RN à LREM en passant par LR. Dans la majorité, le sujet a cristallisé les tensions entre les franges droite et gauche du mouvement, entre les défenseurs de la liberté d’expression, y compris lorsque celle-ci est insultante, et ceux qui prenaient le parti de l’étudiante.
«Démesurément agressif»
«Des heures de blabla et de gens qui s’engueulent sans chercher à définir une ligne. C’était démesurément agressif», résume un ponte du groupe. «Ce fut particulièrement belliqueux», ajoute une autre députée. «Si vous pouviez arrêter l’indignation à géométrie variable… peut-être que cet islamisme rampant, marchant ou volant se nourrirait moins !» a-t-on ainsi pu lire dans la boucle Telegram, sous la plume d’une députée très remontée par les attaques visant Imane Boun. Et la même de proposer, ironiquement, «au nom des "libertés fondamentales" qu’on emprisonne toutes ces femmes avec ce tissu immonde sur la tête, du coup à commencer par ma mère» et qu’on retire «le mot "liberté" de nos mairies et autres institutions, car non visiblement, au nom de persécutions dans d’autres pays et d’idéalisme de l’athéisme, certains citoyens doivent se plier à la neutralité parfaite, même si ce ne sont pas des agents de l’Etat laïc dans le cadre de leur fonction».
«Une interprétation très hasardeuse»
«L’effet de ces querelles sur les musulmans modérés est dévastateur. Nous devons être capables de condamner fermement, et unanimement, les menaces contre Judith Waintraub. Mais il faut également savoir dénoncer la stigmatisation et le simplisme. Dire de la vidéo de cette jeune femme qu’elle est une propagande de l’islamisme est une interprétation très hasardeuse. Et le hasard sur ce sujet n’est pas permis», a tenté d’apaiser une autre parlementaire, en référence au tweet de sa collègue Catherine Fabre qui s’interrogeait sur un possible «prosélytisme» de BFM TV. La première réunion de groupe après l’élection, la semaine dernière, de Christophe Castaner comme chef des députés LREM, promet d’être animée. Elle est prévue ce lundi après-midi.
Sylvain Chazot
Cet article est extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne réservée aux abonnés
/https%3A%2F%2Fmedias.liberation.fr%2Fphoto%2F1334878-afp_1tu6eajpg.jpg%3Fmodified_at%3D1600077336%26amp%3Bpicto%3Dfb%26amp%3Bratio_x%3D191%26amp%3Bratio_y%3D100%26amp%3Bwidth%3D1080)
LREM se déchire autour du tweet anti-musulmans d'une journaliste du "Figaro"
Les députés de la majorité ont passé leur dimanche à s'écharper au sujet du tweet associant une étudiante voilée aux terroristes du 11 Septembre. Tweet qui a valu au moins une menace de mor...