2020... Préservons l'esprit de l'enfance...
Paris approchait. Sur l’autoroute, un peu après le triangle de Rocquencourt, la circulation se fait plus dense. La capitale avale son plat quotidien. Tu vas bientôt retrouver tes enfants.
J’ai été, comme eux, comme toi, un enfant.
Souvent je lis « L’enfant est en danger ». Le journaliste ou l’expert convoqué sur tel ou tel plateau énumère ce qui menace l’enfant, chez lui, dans la rue, à l’école. À les entendre, la vie d’un enfant serait une succession de pièges et de risques.
Ce n’est pas faux mais l’expert oublie souvent un autre danger, bien plus sournois. Celui qui plane au-dessus de l’esprit de l’enfance.
Nous sommes de moins en moins de « grands enfants ». Toi tu as conservé cela. Je le sais. Hélas, très nombreux, de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui jouent à l’adulte. Nous fanfaronnons, plastronnons. Cynisme, hypocrisie, faux-semblants l'emportent partout. Nous oublions l'esprit de notre enfance, de l'enfant qui, bien que n'ayant jamais été cet ange immaculé accroché aux plafonds des chapelles, savait mieux que personne déceler le mensonge, flairer la violence, débusquer la menace.
C'est l'esprit de l'enfance que je conserve au plus près de moi. Il est une référence. Une défense. À chaque blessure que la vie m’inflige, c'est lui qui m'aide à traverser la douleur. Mon métier m'a offert l'immense bonheur de vivre au milieu des enfants, des adolescents. Que de vérités ils m'ont apprises. Que de mensonges ils m'ont révélés. C'est avec eux, au milieu d'eux que j'ai appliqué la leçon contenue chez Bernanos :
"Qu'importe ma vie ! Je veux seulement qu'elle reste jusqu'au bout fidèle à l'enfant que je fus"
C'est dans Les grands cimetières sous la lune…
J'entends déjà quelques hauts-cris :
« Mais ils savent aussi être cruels !"
Oui ils savent. Ils ne sont pas que tendresse ni innocence. Pourtant, quand je me demande ce "que sont mes amis devenus", je replonge dans l'esprit de l'enfance, nu dans les eaux agitées de l'Atlantique, sur la longue plage d'El Jadida. Au Maroc de ma jeunesse à jamais ancré en moi, dans l’océan des beautés lumineuses. Et l'eau des souvenirs glisse sur ma peau, caresse ma mémoire et apaise mes tristesses.
Ces jours-là, je ne suis pas l'enfant. Je suis l'Enfance. Préservons, adultes que nous sommes, cet esprit-là. Il est nécessaire !
Absolument et irrémédiablement nécessaire !
Je te regarde… Tu fredonnes… Tranquille… Paris est là…
Christophe Chartreux
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