Drapeaux et Marseillaise dans les classes? Quelle tristesse! Quel gâchis!
Soyons clair et bref.
L'Assemblée Nationale, par la voix de 44 députés présents dans l'hémicycle, a adopté un amendement proposé par le très "droitier" Eric Ciotti (Les Républicains):
Les drapeaux, français et européen, et les paroles de La Marseillaise - l'intégralité des couplets - devront désormais être affichés dans toutes les salles de classe des établissements publics et privés sous contrat.
Cette disposition s'ajoute à une série de lois votées en première lecture transformant profondément l'Ecole de la République sans pour autant lui donner les moyens d'accomplir la tache qui est la sienne:
instruire et émanciper, c'est à dire ELEVER l'enfant pour en faire un citoyen libéré des "slogans" publicitaires, des fakenews et de la propagande politique qui n'a rien à faire dans les établissements scolaires.
Or, par 29 voix pour, 10 contre et 5 abstentions - où étaient les autres représentants du peuple? 44 députés présents sur 577! - c'est une disposition POLITIQUE qui a été adoptée par la majorité LREM suivant la part la plus populiste du groupe Les Républicains.
Neutralité politique?
Les enseignants sont très souvent, en particulier depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, rappelés à leur devoir de neutralité politique. Celle-ci est indispensable.
Pourtant, nous allons devoir appliquer une décision POLITIQUE qui n'a strictement aucun rapport ni avec la pédagogie de l'Histoire ni avec la citoyenneté. En quoi des drapeaux et la totalité des couplets de l'Hymne national - dont certains sont incompréhensibles pour de jeunes esprits - seront-ils utiles dans des salles de Sciences et vie de la terre, d'arts plastiques ou dans des gymnases? Ou même dans des salles de lettres et d'Histoire!
Sinon pour rappeler qu'un jour un gouvernement et une majorité ont accepté de céder à la pression POLITIQUE de la frange la plus droitière du groupe Les Républicains. Ceci en période électorale et pour faire plaisir aux élus les plus conservateurs du pays.
Le tout - et c'est d'une infinie tristesse - en imaginant Marine Le Pen se frotter les mains, trop heureuse de voir ses préconisations anciennes se réaliser sans même avoir besoin d'accéder au pouvoir.
Les enseignants, dans le respect de leur devoir de neutralité, devraient refuser un tel geste. Il n'est pas anodin. Il n'est pas éducatif. Il ne respecte pas, de par son aspect obligatoire, la liberté pédagogique des enseignants.
Je rappelle en outre que le drapeau français, le drapeau européen et La Marseillaise sont des symboles déjà étudiés à l'Ecole, au collège et au lycée. Illustrés par des exemples tirés de la longue Histoire commune de notre pays, de notre continent.
Par un affichage systématique, permanent et méthodique, ces symboles perdront leur "exceptionnalité" pour devenir banals et habituels. Ils disparaitront des regards en quelques semaines. Ils ne seront plus que des "images" parmi tant d'autres.
Quelle tristesse! Quel gâchis!
Christophe Chartreux