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Vivement l'Ecole!

Maternelle : Un Forum pour penser l'école...

19 Novembre 2018 , Rédigé par Le Café Pédagogique Publié dans #Education, #Maternelle

Maternelle : Un Forum pour penser l'école...

EXTRAIT

Quelques semaines après une initiative nationale du ministre qui avait fortement remonté nombre de professionnel•e•s de la maternelle, l'idée d'organiser une proposition alternative, forcément plus modeste, mais ne lâchant rien sur la qualité de la réflexion et du débat autour de la maternelle a germé. Le 17 novembre, les associations et syndicats sont passés à l'acte. Articulant conférences de fond et ateliers de pratiques, le Forum de la maternelle a tenu ses promesses en faisant échanger les professionnel•e•s, notamment enseignant•e•s et ATSEM, et en nourrissant leurs expériences des mots de la recherche. En ces temps où la prise de parole de ceux qui travaillent semble de plus en plus refoulée par celle et ceux qui entendent leur prescrire ce qu'il y a à faire, l'initiative a séduit ceux et surtout celles qui avaient fait le voyage.

C. Passerieux : L'école maternelle est une école

Christine Passerieux doit contextualiser par une conférence introductive « ce qu’on fait à l’école maternelle ».  Tout au long de sa carrière elle a travaillé à l’articulation de la recherche, de la formation, et de l’enseignement. « Si la question des enjeux de l’école maternelle se pose avec une telle fréquence, c’est que les menaces qui pèsent sur elle ne sont pas nouvelles et présentent dans le temps des similitudes. Sa spécificité d’école est sans cesse remise en cause ». Elle cite à l’appui le rapport de France Stratégie publié au moment des Assises ministérielles, qui annonce la fin de l’école maternelle. « Les arguments sont toujours les mêmes : sous couvert de lutter contre l’échec scolaire, argument irréfutable, la manœuvre est de dissoudre l’école maternelle actuelle dans des dispositifs de petite enfance plus globaux, aux objectifs flous. « Les programmes de 2015 avaient été bien accueillis, malgré quelques ambiguïtés dans leur contenu, mais ils ont produit des interprétations différentes ». Le groupe d’experts qui les a écrits était en rupture forte avec ceux de 2008, mettant au cœur « la question de l’égalité de l’accès au savoir». Or depuis la parution de ces programmes, c'est la dimension sur la bienveillance, le jeu qui est mise en avant, même si le « tous capables » a été mis au fronton des programmes.

Christine Passerieux tient à revenir sur une analyse de fond du rôle de l'école dans le développement des petits élèves.  « Il y a plusieurs manières de regarder les différences entre enfants. On peut affirmer les talents individuels, dans une  conception innéiste du développement qui perdure, alors qu’elle est réfutée par les scientifiques. Cette naturalisation permet d’évacuer la question des inégalités, puisque chacun devient comptable de ses échecs et de ses réussites. Dans cette perspective on continue d'observer une convocation très forte de la vieille notion de « handicap socio-culturel», comme si par essence l’enfant des milieux populaires avait des manques. On se situe dans une promotion de l’individualisation, d’où découle une logique de compensations, de remédiations... Pourquoi ramener ces différences sur le plan de caractéristiques individuelles alors qu’on pourrait les penser en terme de différence de construction, de développement ? »

Elle invite à ne pas « enfermer les enfants dans des catégories, au motif que la manière dont on les met dans ces catégories a des effets », c’est aussi ça le pouvoir d’agir de l’enseignant•e. Questionnée au sujet des missions de l'école (« transmettre la culture, oui mais laquelle ? »), elle précise : il s’agit « d’inscrire les enfants dans une histoire, une manière d’être au monde. Les enfants les plus à distance de l’univers scolaire sont ceux qui restent le plus dépendants de l’expérience qu’ils vivent, sont en difficultés pour se défaire de la situation immédiate, pour mettre des mots sur les situations. La mise en retrait est nécessaire pour comprendre ce qui nous arrive et pour ne plus subir ». Certains enfants apprennent à la maison cette distanciation, et si l’on veut lutter contre les inégalités, « la mission centrale de l’école est de faire en sorte que les enfants construisent grâce à l'enseignement des outils, langagiers et disciplinaires, pour comprendre qu’il y a possibilité d’agir et transformer la situation dans laquelle ils se trouvent, pour ne plus être soumis à ce qui advient ». Pour elle, l’école doit être un lieu « d’ouverture et de découvertes ».

(...)

Lucie Gillet

Suite et fin en cliquant ci-dessous

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