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Vivement l'Ecole!

"50 ans après, mon slogan à moi, ce n'est plus "Fermons la télé, ouvrons les yeux", mais "Ouvrons la télévision pour continuer d'ouvrir les yeux"...

7 Mai 2018 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Médias, #Mai 68

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« Bonsoir à tous.

Je vais être extrêmement directe : 50 ans après, mon slogan à moi, ce n'est plus "Fermons la télé, ouvrons les yeux", mais "Ouvrons la télévision pour continuer d'ouvrir les yeux". Pour moi, la bataille a changé de camp : ce n'est plus la mort de la télévision publique qui est en jeu aujourd'hui, mais plutôt sa survie et sa mission. Je vais aller à l'encontre de ce qu'attendaient pas mal d'entre vous, une critique de la télévision. Je m'en explique, car il est de bon ton de détester la télévision et plus généralement les écrans, d'en faire des ennemis de l'ouverture d'esprit. Pour ma part, je pense l'inverse. On va en parler…

En 68, il fallait éteindre la télé, pourquoi ? Parce que, non seulement au sens littéral, mais aussi figuré, il fallait la voir crever. Ça n'avait rien d'une utopie. C'était un impératif, une urgence pragmatique : nul ne pouvait ouvrir les yeux sur l'état réel de la société en 68, tant sa télévision offrait une vision totalement filtrée, déformée de la réalité, tant elle abordait peu de sujets, et le faisait sur ordre du pouvoir. Il fallait en finir avec l'ORTF. Et qui voulait sa peau ? Pas les politiques, comme aujourd'hui, au contraire. C'était les contestataires, mais d'abord les journalistes et les producteurs de l'ORTF, ceux qui faisaient la télé de 68. À mon avis, c'est le plus grand ratage de l'histoire de la télévision française. Je dirais même à l'inverse que la télévision française, c'est l'un des plus gros et seuls ratages de mai 68. Je vais vous expliquer pourquoi : le mouvement étudiant et de contestation en général a été minorisé, ignoré par la télévision française à ce moment-là. Ça a commencé par un reportage du magazine Panorama – l'équivalent de notre Envoyé Spécial d'aujourd'hui – qui a été purement et simplement censuré par le pouvoir. À ce moment-là, les piliers de l'ORTF que sont les Pierre Desgraupes, les Desnoyers, les Philippe Labro et toute une cohorte de journalistes qui les ont suivis, vont poser leur préavis de grève. Ils ne sont pas les seuls, même les grandes vedettes de l'époque, comme Léon Zitrone, vont le faire aussi. Du coup, 68 à la télévision française, ce sera un écran noir. C'est la radio qui sera le média de 68. C'est un peu la dernière fois que la radio a été le média d'un grand événement, qu'un pays entier a l'oreille collée au transistor, car l'année d'après, l'homme va marcher sur la lune, et ce sera un grand événement télévisé.

Il faut savoir qu'en 68, déjà 6 foyers sur 10 sont équipés d'une télévision. Il s'ensuit une grève de 7 semaines, 53 jours, qui évidemment n'ont servi à rien. Ce n'est pas la plus grande grève de l'audiovisuel public… À Radio France, on a fait mieux il y a 3 ans. Mais c'est la plus grande grève de la télévision. En cause évidemment, l'émancipation de l'info, et cela n'a pas été compris du tout par le public français. Ensuite, il y a eu une purge invraisemblable, tous les grévistes et même les stars, dont Zitrone, ont été mutés, placardisés, virés. Et quand je vois l'émotion que ça a été parmi les journalistes avec ce que Vincent Bolloré a fait de la chaîne d'info continue iTélé, à l'époque au contraire, tout cela était vécu dans une indifférence générale.

Ensuite, il ne s'est plus rien passé. La télévision française est redevenue le porte-voix du pouvoir gaulliste, une information aux ordres : elle a échoué à couvrir et à faire vivre 68, 68 a échoué à réformer l'info et à faire comprendre à quel point une info indépendante et une télévision publique indépendante, ça s'impose comme un des piliers de la démocratie.

(...)

Sonia Devillers

Billet complet à lire ci-dessous

UTOPIES D'HIER, UTOPIES DE DEMAIN
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