La maternelle est déjà au top, donnez-lui simplement les moyens de remplir ses missions... (+ vidéo... hilarante)
EXTRAITS
Mardi 27 mars, Emmanuel Macron a ouvert les Assises de la maternelle en annonçant l'abaissement à 3 ans de l'âge de la scolarité obligatoire. Une mesure symbolique, qui a éclipsé la nécessité d'accorder des ressources supplémentaires à cette école.
La mesure n'était pas au programme d’Emmanuel Macron et on ne sait pas depuis quand elle était prévue, seulement que la rumeur enflait depuis la veille: l’âge de début de l’obligation d’instruction change, elle sera désormais fixée à 3 ans.
Ce n’est pas tous les jours que nous assistons à une annonce de cette ampleur en éducation, et le Président de la République l’a annoncée en personne, le mardi 27 mars, avec toute la solennité qu’une telle déclaration peut inciter à adopter:
L’école maternelle sera un moment fondateur de notre parcours scolaire. J’ai décidé de rendre obligatoire l’école maternelle et ainsi d’abaisser de 6 à 3 ans l’âge de scolarisation. #AssisesMaternelle pic.twitter.com/QVKeOl6Db1
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 mars 2018
L'âge de la scolarisation obligatoire était fixée à 6 ans depuis… la loi Jules Ferry de 1882. Revenir dessus, c’est s’attaquer à un symbole très fort. Le Président n’a d'ailleurs pas manqué de rappeler le lien étroit et historique unissant la République à son école.
Consensus autour de la maternelle à 3 ans
Dans la vision des politiques, la République se construit «dans et par l’école» –une idée aujourd'hui très consensuelle, saluée entre autre par la CGT Éduc'action dans le communiqué publié juste après la déclaration élyséenne: «En annonçant ce mardi 27 mars, lors de ces Assises, la scolarisation obligatoire des élèves dès 3 ans, le président accède à une vieille revendication de la CGT Éduc’action. Nous reconnaissons que c’est un geste important pour travailler à l’égalité d’accès aux savoirs, aux connaissances et à la sociabilisation des tous les enfants vivant dans notre pays.»
L'idée de devoir scolariser les enfants à 3 ans a largement pénétré la société: 97% des enfants français en âge de fréquenter la maternelle y vont –même si ce chiffre cache des disparités, en particulier dans certains départements d’outre-mer. Pas de révolution scolaire donc, loin de là.
Ce matin du 27 mars, il ne s’agissait que d'un symbole; les questions pratiques ont d’ailleurs été laissées de côté. Celle de l’assiduité et du temps effectif de présence des enfants n’a pas été abordée: beaucoup d’élèves de petite section ne fréquentent pas la maternelle l’après-midi, dont une grande partie est consacrée à la sieste. Devront-ils désormais rester ou revenir après le déjeuner? Même si le ministre Blanquer a parlé d’une obligation similaire à celle qui vaut pour l'élémentaire, on peut parier que la mesure va donner lieu à des aménagements locaux et des tolérances, en fonction des établissements.
L’ouverture des Assises de la maternelle, qui fut le théâtre de cette annonce, ont permis de développer la vision du pouvoir politique pour la maternelle. Le Président et le ministre se sont exprimés, tout comme le psychiatre Boris Cyrulnik, organisateur de ces journées. Balayant les inquiétudes qui circulaient, le discours s’est voulu fédérateur.
L’école maternelle est essentielle aux apprentissages, a précisé Emmanuel Macron. Les enseignants en sont convaincus et les parents scolarisent tous leurs enfants; même s'il est toujours opportun de le dire et de l’entendre, difficile de trouver des contradicteurs. Si la maternelle avant 3 ans fait encore débat, la scolarisation à partir de cet âge ne rencontre pas d’opposition majeure. Les partisans de l’instruction à domicile ne sont pas plus nombreux pour les enfants de 3 ans que pour les années qui suivent.
Quelque 27.000 enfants seraient concernés par la nouvelle mesure –un chiffre assez faible, comparé aux douze millions d’élèves français. Mais elle permettra peut-être une homogénéisation des situations et de conforter le statut d’école «à part entière» de la maternelle.
Parce qu’on a encore trop tendance à confondre école maternelle et garderie, l’école obligatoire à partir de 3 ans est un vrai changement de mentalités. Témoignage d’une maman. pic.twitter.com/j6i3vnvyDb
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 mars 2018
(...)
Épanouissement contre apprentissage?
Le ministre de l'Éducation comme le Président ont enfin évoqué la tension qui pourrait exister entre école de l’épanouissement et école du goût de l’effort et de l'apprentissage. Elle est dénoncée comme stérile: on ne doit pas «opposer les deux».Qui va dire le contraire? Qui a écrit qu’à la maternelle, il ne fallait absolument pas s’épanouir? À ma connaissance, personne. Où quelqu’un a-t-il dit qu’il ne fallait rien y apprendre? Il existe des crispations sur la nécessité de l’évaluation précoce, mais pas des apprentissages. Une forme de consensus émerge sur l’importance des deux aspects, même si les manières de faire –par le jeu, en évaluant plus, de manière explicite ou non– ne font pas l'unanimité.
La même conclusion revient sans cesse: l’éducation nécessite des moyens conséquents. On devrait donc logiquement attendre des annonces en ce sens, non? Non. Que les enseignants soient mieux considérés et mieux rémunérés, pourquoi pas. Mais pour que le taux d’encadrement soit au niveau de celui des pays comparables à la France, il faudrait aussi vraiment recruter davantage de personnels enseignants et d’Atsem. Et là, je donne mon billet que la mesure serait consensuelle!
Louise Tourret
Suite et fin en cliquant ci-dessous
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La maternelle est déjà au top, donnez-lui simplement les moyens de remplir ses missions
Mardi 27 mars, Emmanuel Macron a ouvert les Assises de la maternelle en annonçant l'abaissement à 3 ans de l'âge de la scolarité obligatoire. Une mesure symbolique, qui a éclipsé la nécessit...