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Vivement l'Ecole!

Orientation : « La nouvelle loi risque de renforcer les différences entre filles et garçons »...

26 Février 2018 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education, #Orientation

Orientation : « La nouvelle loi risque de renforcer les différences entre filles et garçons »...

EXTRAITS

Dans une tribune au « Monde », trois sociologues considèrent que la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE) pourrait entretenir la discrimination contre les femmes notamment par le biais des « attendus » affichés sur la plate-forme « Parcoursup ».

Alors que la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE) votée le 15 février dernier entend « rétablir l’égalité des chances », tout laisse à penser qu’elle entraînera au contraire une hausse des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur, et notamment des inégalités filles-garçons.

(...)

(...) la loi ORE risque d’entretenir, voire de renforcer, cette différenciation sexuée des orientations, par le biais des « attendus » désormais affichés sur la plate-forme « Parcoursup » pour chaque formation universitaire. En effet, ces attendus se fondent largement sur des compétences supposées déjà acquises par les candidats, qui renvoient à des dispositions inégalement valorisées – et suscitées – chez les filles et les garçons.

Ainsi, pour les candidats en psychologie à l’université de Nanterre (plus de 80 % de filles), il est attendu que les élèves disposent « de qualités humaines, d’empathie, de bienveillance et d’écoute », généralement peu valorisées chez les garçons. Inversement, en sciences de l’ingénieur (plus de 80 % de garçons en sciences et techniques), ce sont des capacités « d’abstraction, de logique et de modélisation » qui sont demandées… qualités davantage attribuées aux garçons comme l’ont montré plusieurs travaux en sociologie.

Mais la loi ORE risque aussi de favoriser l’(auto) exclusion des filles de certaines filières. De fait, les vœux que formulent les filles à l’issue de l’année de terminale sont déjà, à niveau égal, plus modestes que ceux des garçons. En particulier, lors de leur première inscription dans l’enseignement supérieur, les filles évitent plus que les garçons les filières sélectives (prépas, BTS, IUT) et choisissent plus souvent l’orientation vers l’université.

(...)

Dans la même perspective, on peut évoquer les questionnaires que les bacheliers sont obligés de remplir pour apprécier leur « niveau général » lorsqu’ils veulent s’inscrire en droit. Or plusieurs travaux montrent qu’à note équivalente les garçons s’attribuent toujours une valeur supérieure à celle que s’attribuent les filles. Avec un même résultat au questionnaire, les filles seront donc moins enclines à candidater en droit : l’objectif est-il de réduire la féminisation de cette filière ? Les inégalités de genre font partie des rares inégalités qui ont reculé au cours du siècle passé. Laissera-t-on la loi ORE mettre un coup d’arrêt à ce processus séculaire ?

Les signataires de la tribune : Fanny Bugeja-Bloch (Maître de conférences en sociologie, université Paris-X Nanterre), Marie-Paule Couto (Maître de conférences en sociologie, université Paris-VIII Saint-Denis) et Marianne Blanchard (Maître de conférences en sociologie, université Toulouse-II Jean-Jaurès)

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